Le mercredi 10 mars 2021 à 09:58 - MAJ mercredi 10 mars 2021 à 11:17
Le début de cette affaire remonte au 13 février 2020, dans l'Eure-et-Loir. Une policière a convoqué un homme pour l'auditionner concernant des faits de violences sur mineur rapporte BFMTV. En consultant le dossier de cet homme avant de le recevoir, la fonctionnaire s'aperçoit que celui-ci fait l'objet d'une fiche S, mentionnant qu'il s'agit d'un "individu dangereux susceptible d'être armé et d'être en lien avec un réseau de soutien logistique, en lien avec la mouvance islamiste".
Ce qu'elle ne savait pas, c'est que cet homme connaissait plutôt bien sa vie personnelle. Au début de cette audition, il lui a en effet parlé de son mari et lui a précisé le nombre d'enfants qu'elle avait. L'homme lui a également dit qu'il savait qu'elle et son conjoint étaient des "catholiques pratiquants". Le mari est lui aussi policier, dans le XIVe arrondissement de la capitale.
Comment cet homme pouvait-il détenir toutes ces informations ? Il a confié au cours des échanges avec la fonctionnaire que c'est sa voisine qui lui avait tout raconté. Cette dernière est justement policière... sur le XIVe arrondissement. Le rapprochement a donc été rapidement fait. L'audition a été abrégée et la fonctionnaire a rédigé un rapport pour aviser sa hiérarchie, sans tarder.
Une enquête administrative a alors été lancée par la préfecture de police afin de déterminer les responsabilités de la policière en cause dans cette affaire selon nos informations, confirmant celles de nos confrères. La policière mise en cause est cheffe d'une des brigades nuit de l'arrondissement. Les services de renseignements ont également été sollicités dans ce dossier. La procédure s'est soldée par un avertissement pour cette fonctionnaire, qui travaille toujours au même poste.
Une vingtaine de rapports
Un peu plus d'un an après les faits et maintenant que l'enquête est terminée, les autres policiers de l'unité ont été mis au courant de cette affaire très embarrassante, par leur collègue visé par cette divulgation. Ce dernier avait eu pour consigne de ne pas en parler afin de ne pas gêner les investigations.
Une vingtaine de ses collègues ont récemment fait un rapport dans le but de faire part à leur hiérarchie, de leurs vives inquiétudes face à cette situation. "Ils ne veulent plus travailler avec la policière concernée et sont effarés par ce qu'il s'est passé. Et il y a de quoi", souffle une source proche du dossier.
"Aucun manquement grave" selon la préfecture
Est-ce que cette policière a agi volontairement ? Aussi, savait-elle que cet homme était fiché S lorsqu'elle lui a communiqué ces renseignements ? Du côté de la préfecture de police, interrogée par la chaîne d'informations, on explique qu'« aucun manquement grave de divulgation d'informations à un tiers n'a pu lui être imputé ». L'homme ne fait actuellement plus l'objet d'une fiche S mais il est connu défavorablement des services de police.