Pétrolier fantôme russe au large de Saint-Nazaire : deux membres d'équipage en garde à vue, ce que l'on sait

Deux marins d’un pétrolier russe fantôme sont entendus sous le régime de la garde à vue à Brest. Le parquet a ouvert une enquête pour des délits maritimes passibles d’un an de prison et 150 000 euros d’amende, confiée à la gendarmerie maritime.
Pétrolier fantôme russe au large de Saint-Nazaire : deux membres d'équipage en garde à vue, ce que l'on sait
Des militaires de la Marine nationale à Plouhinec, le 12 juin 2025. (Illustration / Franck Dubray / PhotoPQR / Maxppp)
Par Actu17
Le mercredi 1 octobre 2025 à 21:56 - MAJ mercredi 1 octobre 2025 à 22:46

Un pétrolier russe fantôme a été arraisonné samedi dernier au large de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) par la marine nationale. Deux membres de son équipage, se présentant comme le commandant du navire et son second, ont été placés en garde à vue ce mercredi soir, a annoncé le procureur de la République de Brest, Stéphane Kellenberger.

Baptisé "Boracay" ou "Pushpa", ce navire de 244 mètres de long bat actuellement pavillon du Bénin. Il est placé sous sanctions européennes en raison de son appartenance à la flotte utilisée par Moscou pour contourner les restrictions imposées sur ses ventes de pétrole. Selon une source militaire citée par l'AFP, une équipe d’intervention est montée à bord lors de l’arraisonnement.

En marge d’un sommet européen organisé à Copenhague (Danemark), le président de la République Emmanuel Macron a salué une "opération très importante" de la marine. Il a précisé que "les équipes d’intervention ont agi en temps et en heure. Il y a eu des fautes très importantes qui ont été commises par cet équipage qui justifient d’ailleurs que la procédure soit judiciarisée aujourd’hui".

Le procureur de Brest a confirmé l’ouverture d’une enquête préliminaire depuis le 29 septembre 2025, à la suite de signalements du préfet maritime de l’Atlantique. Les investigations sont ouvertes des chefs de "défaut de justification de la nationalité du navire / pavillon" et de "refus d’obtempérer". Stéphane Kellenberger a précisé que "ces infractions, pour lesquelles est, à maxima et à titre principal, encourue une peine d’un an d’emprisonnement correctionnel et/ou 150 000 euros d’amende", ont été confiées, en co-saisine, à la section de recherches de la Gendarmerie maritime ainsi qu’au groupement de gendarmerie maritime de l’Atlantique.

Le pétrolier a changé de nom et de pavillon à plusieurs reprises

D’après le site spécialisé www.opensanctions.org, ce pétrolier a changé de nom et de pavillon à de nombreuses reprises, avec des immatriculations successives au Gabon, aux îles Marshall ou encore en Mongolie. Outre l’Union européenne, il est également sanctionné par le Canada, la Suisse, la Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni.

Le site The Maritime Executive indique par ailleurs que le navire pourrait être impliqué dans les récents survols de drones au Danemark, en servant de "plateforme de lancement" ou de "leurre". Sur ce point, Emmanuel Macron a cependant appelé à rester "très prudent".

Selon une analyse des données du site VesselFinder, le pétrolier a quitté le port russe de Primorsk, près de Saint-Pétersbourg, le 20 septembre, en direction de Vadinar, dans le nord-ouest de l’Inde. Il a navigué au large des côtes danoises entre le 22 et le 25 septembre, période au cours de laquelle plusieurs survols suspects de drones ont perturbé le trafic aérien. Le 22 septembre, l’aéroport de Copenhague a été fermé temporairement, et de nouveaux survols ont visé le 25 septembre plusieurs aéroports ainsi qu’une base militaire.

Les autorités danoises ont rapidement accusé la Russie, déjà mise en cause pour l’incursion d’une vingtaine de drones dans le ciel polonais début septembre et pour des violations de l’espace aérien estonien par trois avions de combat quelques jours plus tard. La Première ministre danoise, Mette Frederiksen, a appelé à une "réponse très forte" face à ce qu’elle décrit comme une "guerre hybride" menée par Moscou.

«Nous sommes dans une confrontation avec la Russie»

Lors du sommet européen à Copenhague, Emmanuel Macron a averti que "toute personne qui viole l’espace aérien européen est susceptible d’avoir des représailles". Il a ajouté qu'"il faut aussi continuer de nous équiper (...) besoin de systèmes de pré-alerte très efficaces" contre les drones. Le chef de l’État a également rappelé que "nous sommes dans une confrontation avec la Russie qui depuis plusieurs années, est un acteur très agressif (...) qui multiplie les attaques cyber, qui a lancé une guerre d’agression en Ukraine, qui utilise la menace nucléaire et qui aujourd’hui, on le voit bien, provoque dans des espaces aériens".