Le vendredi 1 novembre 2024 à 10:29 - MAJ vendredi 1 novembre 2024 à 18:18
Cinq mineurs ont été blessés à Poitiers (Vienne) après de multiples coups de feu et une rixe ce jeudi soir. L'une des victimes âgée de 15 ans est dans un état critique avec un pronostic vital engagé à l'hôpital, indique une source proche de l'affaire, confirmant une information de France Bleu.
Les faits se sont produits dans le quartier des Couronneries vers 22h40. Les policiers ont été alertés que des coups de feu avaient été tirés au niveau d'un kebab se trouvant sur la place de Coimbra, "à proximité directe d'un point de deal", souligne une seconde source proche de l'enquête. Rapidement sur place, les forces de l'ordre découvrent un adolescent de 15 ans grièvement blessé à la tête par balle, deux autres mineurs de 15 et 16 ans sont quant à eux blessés à l'épaule pour l'un et à la cheville pour le second. Les secours prennent en charge les victimes et les conduisent à l'hôpital.
Dans le même temps, une centaine de personnes s'affrontent dans une rixe. Les policiers, renforcés par un équipage de gendarmes du peloton de surveillance et d'intervention (PSIG) de Châtellerault, ont dû utiliser trois grenades lacrymogènes pour disperser les protagonistes. Le calme est revenu vers 23h30. Un périmètre de sécurité a été mis en place pour que les enquêteurs procèdent à des constatations sur cette scène de crime. Une dizaine d'étuis de calibre 22 ont alors été découverts. Peu après, les policiers ont appris que deux autres mineurs de 16 ans avaient été pris en charge au CHU de la ville pour des blessures par balle. Leur pronostic vital n'est pas engagé.
Un peu plus tard, les policiers ont été informés qu'un jeune homme avait été possiblement enlevé par plusieurs autres dans la rue de Slovénie, située à quelques centaines de mètres du lieu des coups de feu. Les fonctionnaires de la brigade anticriminalité (BAC) ont retrouvé la victime dans la rue de Montbernage. Cette dernière a été conduite au commissariat pour être interrogée. L'enquête permettra de déterminer si les deux faits sont liés.
Un suspect a été identifié
"Il y avait déjà eu des incidents dans le quartier des Couronneries mercredi soir", confie cette même source. "Un homme était venu vendre de la drogue à cet endroit alors qu'il n'y était pas autorisé, ça avait provoqué des violences et des tirs de mortiers d'artifice". D'après cette source, il ne fait "aucun doute" que les faits survenus ce jeudi soir sont "directement liés au trafic de drogue". Les enquêteurs de la Division de la criminalité organisée et spécialisée (DCOS) ont été chargés des investigations. Selon les premiers éléments, un unique tireur est en fuite et recherché par les policiers.
En fin d'après-midi, le procureur de la République de Poitiers, Cyril Lacombe, a indiqué qu'"une perquisition réalisée ce jour à 6 heures dans une habitation à Poitiers a permis de retrouver sept munitions 22 long rifle et des éléments partiels d'une arme démontée". "Ce logement aurait été occupé par un homme dont l'identité est en cours de précision, présent depuis plusieurs semaines sur Poitiers et qui fait l'objet de recherches actives. Des prélèvements ADN ainsi que la vidéosurveillance sont en train d'être analysés. Les premiers éléments de l'enquête laissent suggérer que le tireur se serait livré à la vente de produits stupéfiants dans le quartier des Couronneries dans les jours précédents". Le magistrat a précisé que les forces de l'ordre ont été "ont été au contact d'une soixantaine de personnes".
Selon nos informations, le suspect est bien connu des services de police notamment pour des faits de vols avec arme et a déjà été interpellé à plusieurs reprises en région Provence-Alpes-Côte d'Azur par le passé.
Des renforts de police seront déployés "dès aujourd’hui" à Poitiers, a précisé la préfecture sur X.
Une fusillade aux Couronneries à Poitiers a fait 5 blessés hier soir. Des tensions entre groupes ont éclaté nécessitant l’intervention de la police et de la gendarmerie. Le Préfet s’est rendu sur place. Des renforts de police seront déployés dès aujourd’hui. pic.twitter.com/ebwVuRBho4
— Préfet de la Vienne (@Prefet86) November 1, 2024
«La jeunesse des victimes et personnes impliquées est particulièrement frappante et préoccupante»
La maire écologiste de Poitiers, Léonore Moncond’huy, a également réagi dans un communiqué, dénonçant un "nouvel épisode de violence inacceptable pour le quartier et pour la ville". "La jeunesse des victimes et personnes impliquées est particulièrement frappante et préoccupante. Je souhaite un prompt rétablissement aux blessés", ajoute l’édile, appelant "à la responsabilité de chacun quant au maintien de l’apaisement dans la ville". "La ville appelle à ce que l’enquête éclaircisse au plus vite les circonstances précises de l’événement et permette l’identification et l’arrestation des auteurs", a-t-elle conclu.
Fusillade à #Poitiers : un nouvel épisode de violence inacceptable. La jeunesse des personnes impliquées est particulièrement préoccupante. J’appelle à la responsabilité de tous pour le maintien de l’apaisement dans la ville, et salue la présence renforcée des forces de sécurité. pic.twitter.com/j4Ml7vf5rU
— Léonore Moncond'huy (@L_Moncondhuy) November 1, 2024
«400 à 600 personnes» impliquées selon le ministre de l'Intérieur
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau s'est exprimé sur le plateau de BFMTV/RMC ce vendredi matin au sujet de cette affaire. "Ça s’est achevé par une rixe entre bandes rivales. Le préfet me parle de 400 à 600 personnes", munies de "toutes sortes d’armes", a-t-il déclaré.
Fusillade à Poitiers: "Entre 400 et 600 personnes impliquées", déclare le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau pic.twitter.com/8kmoNMkUaW
— BFMTV (@BFMTV) November 1, 2024
"Les narcoracailles n'ont plus de limite, a-t-il fustigé. Ce sont des trafiquants qui utilisent les moyens les plus féroces pour régler des comptes et satisfaire leur envie du gain. Simplement, ça ne se passe pas en Amérique du Sud, mais à Rennes et Poitiers. On est à un point de bascule. On a le choix entre la mobilisation générale et la 'mexicanisation' du pays", a prévenu le ministre. "C'est lié" au trafic de stupéfiants, "je vous le confirme", a-t-il insisté.
"Les narcoracailles n'ont plus de limite"
➡ Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur pic.twitter.com/FDP61am7FH
— BFMTV (@BFMTV) November 1, 2024