Seine-Saint-Denis : L'IGPN ouvre une enquête judiciaire après des propos racistes tenus par des policiers dans une vidéo

Une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux ce dimanche après-midi montre la fin d'une intervention de police sur la commune de l'Île-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). L'Inspection générale de la police nationale (IGPN) a ouvert une enquête judiciaire.
Seine-Saint-Denis : L'IGPN ouvre une enquête judiciaire après des propos racistes tenus par des policiers dans une vidéo
Illustration. (PhotoPQR/Maxppp)
Par Actu17
Le lundi 27 avril 2020 à 13:19

L'affaire a débuté par la diffusion d'une vidéo sur les réseaux sociaux, montrant la fin d'une intervention de police dans la nuit de samedi à dimanche à l'Île-Saint-Denis. Des images diffusées sur Twitter par le journaliste et militant Taha Bouhafs. Sur cette séquence qui dure un peu plus de 2 minutes, on distingue plusieurs policiers dont l'un qui est cagoulé, ainsi qu'un homme interpellé.

Il est également possible d'entendre un policier qui lance : "Il sait pas nager, un bicot ça nage pas" puis des rires et "ça coule, tu aurais dû lui accrocher un boulet au pied". S'en suit des bruits, des rires et des cris dans le fourgon des forces de l'ordre, sans que l'on puisse savoir exactement ce qu'il se passe. La vidéo a été visionnée près d'1,5 million de fois et partagée plus de 27 000 fois sur Twitter.

Le parquet a annoncé l'ouverture d'une enquête judiciaire

"Il faut analyser de manière précise cette vidéo pour savoir exactement ce qu'il en est", a déclaré la procureure de la République de Nanterre Catherine Denis au sujet de cette vidéo, sur franceinfo ce lundi matin, annonçant dans le même temps l'ouverture d'une enquête judiciaire qui a été confiée à l'IGPN. Une enquête administrative avait déjà été ouverte et confiée à la police des polices.

"Les propos qu'on entend sur cette vidéo, s'ils sont bien le fait de policiers ne sont pas acceptables et relèvent d'une attitude qui manque de professionnalisme et qui risque de jeter le discrédit sur l'action de la police", a-t-elle précisé. "Il s'agit de dérapages individuels qui doivent être sanctionnés".

Une intervention pour un vol en réunion sur un chantier

Les policiers filmés sont ceux du commissariat d'Asnières-sur-Seine (Hauts-de-Seine). Ils sont intervenus dans le cadre d'un vol en réunion sur un chantier, qui se situe sur l'avenue des Grésillons, sur cette même commune. L'auteur présumé a alors pris la fuite en voiture avec son complice. Les deux hommes ont finalement décidé d'abandonner leur véhicule.

L'un des fuyards a pris la fuite à pied et a été arrêté, le second s'est quant à lui jeté dans la Seine pour échapper aux policiers. Il a finalement été interpellé sur l'autre rive, en Seine-Saint-Denis. Les policiers ont récupéré le fuyard dans l'eau précise une source policière. Ce dernier faisait l'objet d'une fiche de recherche depuis mai 2019.

Selon Le Parisien, les faits se sont déroulés en présence d'un commissaire de police des Hauts-de-Seine, en charge du district. Celui-ci avait été condamné en 2008 dans le cadre d'une affaire qui s'était déroulée quatre ans plus tôt, alors qu'il était chef adjoint de la brigade anticriminalité de nuit à Paris (BAC 75N).

Ce jour-là, un homme avait été interpellé après une course-poursuite dans le quartier de Barbès à Paris (XVIIIe) avant d'être victime de violences de la part des policiers. Il avait été sorti de son véhicule, frappé puis mis au sol, pantalon et slip baissés, un cerceau d'enjoliveur entre les fesses. Le commissaire de police avait écopé d'une peine d'un an de prison avec sursis et d'un an d'interdiction d'exercer, pour « abstention volontaire d'empêcher un crime ou un délit ». De plus, un capitaine de police et deux gardiens de la paix avaient été condamnés lors du jugement.

Pas de plainte pour l'heure

L'homme qui a été interpellé dans la nuit de samedi à dimanche vers 01h30 du matin, est un sans-papiers qui serait de nationalité égyptienne selon le quotidien francilien. Un médecin a jugé son état de santé compatible avec la mesure de garde à vue et l'homme a été remis en liberté ce dimanche avec une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Faute d'éléments, l'enquête pour vol a été classée sans suite. L'interpellé n'avait pas déposé plainte ce lundi matin et plusieurs associations tentent maintenant d'entrer en contact avec lui afin de lui proposer l'assistance d'un avocat, gratuitement.

Le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a rapidement réagi à cette affaire dans la nuit de dimanche à lundi. "Toute la lumière sera faite. L’IGPN est saisie. Le racisme n’a pas sa place dans la police républicaine", a-t-il écrit.