Un membre du Conseil supérieur de la magistrature mis en examen pour quatre agressions sexuelles

Un membre du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) a été mis en examen pour quatre agressions sexuelles commises notamment dans le métro parisien. Jean Cabannes, 65 ans, a également été contraint de quitter son poste.
Un membre du Conseil supérieur de la magistrature mis en examen pour quatre agressions sexuelles
Jean Cabannes a été mis en examen pour quatre agressions sexuelles. (DR)
Par Actu17
Le jeudi 12 novembre 2020 à 01:57

Une jeune femme âgée de 19 ans a été agressée sexuellement dans le métro le 5 février dernier. Les enquêteurs ont réalisé de minutieuses recherches et sont parvenus à identifier l'auteur présumé, avant de faire le rapprochement avec trois autres agressions du même type, commises depuis 2018 raconte Le Parisien.

Cet homme n'est pas un inconnu, il s'agit de Jean Cabannes, un haut fonctionnaire âgé de 65 ans, officier de l'Ordre national de la Légion d'honneur et officier de l'Ordre national du Mérite. Il est membre du Conseil supérieur de la magistrature (CSM).

Les investigations des enquêteurs ont progressé après la plainte de la dernière victime, le 5 février. La jeune femme a raconté qu'un homme est monté dans sa rame de métro à la station Jussieu (Ve), qu'il s'est assis derrière elle et qu'il lui a touché le sexe. La victime lui a demandé d'arrêter. L'agresseur se serait alors léché les lèvres pour lui faire part de son excitation, en lui faisant un petit sourire.

Trois autres agressions

Une autre jeune femme s'était présentée au commissariat le 6 janvier 2018 pour une agression similaire. Abordée dans la rue près de la station Châtelet (Ier) par un homme, ce dernier lui a proposé un massage puis lui aurait palpé les seins avant de l'embrasser de force. Puis, le 20 mars 2019, une femme a déposé plainte après qu'un homme lui a touché le sexe dans le métro sur la ligne 7. Nouvelle plainte le 15 avril : une femme a expliqué avoir été agressée par un homme dans le métro sur cette même ligne. Ce dernier s'est assis sur un strapontin avant de lui glisser la main entre les jambes.

Les policiers sont remontés jusqu'à l'auteur présumé de ces agressions en réalisant de nombreuses recherches durant les mois de février et mars 2020. Des commerçants ont notamment identifié le mis en cause et les enquêteurs l'ont même pris en filature. Le sexagénaire, membre du Conseil supérieur de la magistrature, a alors été identifié.

Il avait également été repérés sur les images de vidéosurveillance de la RATP. Les policiers ont ensuite constaté que le téléphone du haut fonctionnaire bornait à chaque fois aux lieux et horaires des différentes agressions.

Il nie les faits

Le suspect a été placé en garde à vue le 18 mai. Réfutant les accusations, il a évoqué une "coïncidence" et a changé plusieurs fois de versions selon une source proche du dossier citée par le quotidien francilien. L'exploitation de son ordinateur et son téléphone ont montré que le haut fonctionnaire avait effectué des recherches concernant le harcèlement de rue, ainsi qu'avec des mots comme "exhib train".

Jamais condamné par le passé, Jean Cabannes a été mis en examen avant d'être placé sous contrôle judiciaire, comprenant un suivi psychologique.

Un mois plus tard, le suspect a remis sa démission au Conseil supérieur de la magistrature. Il occupait ce poste depuis 2019. Jean Cabannes, ex-directeur de cabinet du président du Sénat, était notamment chargé de nommer et juger les magistrats. Il aurait agressé les victimes à chaque fois sur son trajet vers le travail. Sa démission a été actée le 12 juin.

"Mon client est outré et choqué par ces accusations qu'il vit comme une infamie. Il nie farouchement tous les faits qui lui sont reprochés. D'ailleurs, sur les photos, les jeunes filles ne l'ont pas toutes reconnu", a réagi son avocat, Me Olivier Baratelli, à nos confrères.