Le lundi 17 janvier 2022 à 17:42 - MAJ lundi 17 janvier 2022 à 18:05
La réactivité d'une jeune policière de 22 ans de Marseille, et de ses collègues, a permis de mettre hors de danger une jeune fille de 14 ans, séquestrées et violées par deux individus dans un appartement, dans les quartiers Nord. Dans ce dossier, les deux hommes déjà connus des services de police, qui ont été interpellés par les fonctionnaires de la brigade anticriminalité (BAC) Nord, ont été mis en examen pour "viols en réunion sur mineure et séquestration" avant d'être placés en détention provisoire ce dimanche selon une source judiciaire, confirmant une information de France 3.
Cette intervention d'urgence a débuté par un message sur le réseau social Instagram dans la nuit de jeudi à vendredi. Une adolescente a écrit à ses parents domiciliés dans l'Ardèche pour les alerter qu'elle était retenue de force dans un appartement de Marseille, et violée par deux hommes. Les parents ont contacté la police vers 5 heures en communiquant le numéro de téléphone de leur fille. Mais cette dernière n'a pas répondu aux SMS des agents du centre d'informations et de commandement (CIC) des Bouches-du-Rhône, qui centralise notamment tous les appels au "17", et les communications radio. Une policière adjointe du service a décidé d'écrire à la jeune fille sur son compte Instagram et a reçu une réponse. L’adolescente lui a confirmé la situation, précisant que ses deux ravisseurs étaient endormis et qu'elle ne pouvait donc pas faire de bruit.
Après quelques échanges, la policière l'a invitée à passer sur Snapchat. Le réseau social permet en effet d'afficher sa localisation à ses "amis", ce qui a permis d'en savoir rapidement plus sur l'endroit où se trouvait la victime. L'adolescente était retenue dans un immeuble du boulevard Marie-Joseph, dans le quartier de La Cabucelle. Un équipage de la BAC Nord s'est rapidement rendu sur place avec un officier de police judiciaire (OPJ). Il fallait maintenant trouver le bon logement. Pour ce faire, la policière a proposé à la jeune fille d'utiliser la lumière de son téléphone à la fenêtre. "Elle craignait d'être surprise par les deux ravisseurs qui dormaient à quelques mètres et a refusé", décrit une source proche du dossier.
L'un des deux hommes visés par trois fiches de recherche
Les échanges se sont poursuivis entre la policière et la victime. La fonctionnaire l'a rassurée en lui disant que ses collègues venaient d'arriver sur place et qu'ils allaient taper aux portes des habitations. Et lorsqu'elle a entendu taper à la porte de l'appartement, l'adolescente a confirmé par message que c'était bien là qu'elle se trouvait. L'un des deux hommes a ouvert. Il a été immédiatement interpellé tout comme son complice. Les deux mis en cause de 26 et 64 ans ont été placés en garde à vue. "Le plus jeune faisait l'objet de trois fiches de recherches différentes suite à des condamnations. Il avait 12 mois de prison à purger ainsi qu'une amende de 700 euros à régler", précise cette même source.
La victime a été prise en charge par les enquêteurs de la sûreté départementale. Elle a raconté aux policiers ce qui lui était arrivée, alors qu'elle était semble-t-il en fugue. "Elle a affirmé avoir rencontré la veille au soir l'homme le plus jeune. Ce dernier s'est montré attentionné pour la mettre en confiance et l'aurait invitée à dormir chez lui", ajoute cette source. Elle aurait accepté et le piège s'est refermé. "Elle aurait été forcée de fumer une forte dose de cannabis avant que cet homme ainsi que le sexagénaire qui se trouvait dans l'appartement, abuse d'elle sexuellement, longuement et à tour de rôle", détaille-t-on. A l'hôpital, les examens ont confirmé la présence de lésions anales. Une information judiciaire a été ouverte dans ce dossier et les investigations se poursuivent.
"On espère qu'elle recevra des félicitations de la part de la directrice départementale"
"Le travail de cette policière a été extraordinaire. Elle a eu une idée géniale qui a permis de sauver cette jeune fille", se félicite Rudy Manna, secrétaire départemental du syndicat Alliance Police Nationale des Bouches-du-Rhône. "Notre collègue attend les résultats de son concours de gardien de la paix (les policiers adjoints sont sous contrat pour une durée maximum de six ans, ndlr).On espère qu'elle recevra des félicitations de la part de la directrice départementale car c'est vraiment une intervention qui sort de l'ordinaire".