Le lundi 14 avril 2025 à 17:03 - MAJ lundi 14 avril 2025 à 17:23
Yanis, 17 ans, s’est suicidé le 30 mars à Thyez (Haute-Savoie), après avoir appris que son agresseur sexuel, libéré de prison, vivait de nouveau à Marignier, à seulement trois kilomètres de son domicile. Ses parents dénoncent l’absence d’information et de mesures de protection de la part de la justice.
L’agression remonte à août 2019, alors que Yanis n’avait que 12 ans. L’auteur des faits, un ancien voisin de la famille aujourd’hui âgé de 58 ans, avait déjà été condamné en 2007 et 2014 pour des agressions sexuelles sur mineurs. Yanis révèle les faits en septembre 2022 à l’association "Karl", spécialisée dans l’aide aux enfants victimes de violences sexuelles. Le signalement conduit rapidement à l’incarcération de l’agresseur.
Le 12 octobre 2023, le tribunal de Bonneville le condamne à cinq ans de prison ferme, en récidive légale. Le 3 février 2025, après deux ans et quatre mois d’emprisonnement, il est remis en liberté avec un bracelet électronique et un suivi psychologique, sans qu’aucune mesure d’éloignement ne soit décidée.
«Cet homme m’a brisé, détruit, sali»
"J’ai décidé d’en parler le jour même à mon fils. Je ne voulais pas qu’il tombe par hasard sur son agresseur", explique Farid, le père de Yanis, au Parisien. Peu après, l’adolescent publie un message sur Instagram : "Cet homme m’a brisé, détruit, sali".
Le 30 mars, Yanis est retrouvé inanimé à son domicile après avoir absorbé des médicaments. Il décède peu après à l’hôpital d’Annecy. Dans son téléphone, ses parents découvrent une lettre d’adieu où il affirme que la remise en liberté de son agresseur est la cause principale de son geste. "C’est un fait. Personne ne peut le nier", affirme son père.
Le parquet de Bonneville affirme que "le juge d’application des peines a bien envoyé un courrier informant la famille du jeune homme de la sortie de détention de son agresseur". Farid répond : "On n’a jamais reçu de recommandé".
Delphine, la mère de Yanis, déplore : "Laisser ce récidiviste à seulement 3 km de chez nous, ce n’est pas normal de la part de la justice". Les parents réclament une réforme législative : "Ce combat contre cette injustice, on le mène pour tous les enfants. Et on ne lâchera pas, en mémoire de Yanis".
Le ministre de la Justice Gérald Darmanin a annoncé ce lundi 14 avril qu'il recevrait les parents de Yanis.