Le jeudi 3 mars 2022 à 10:41
Au lendemain de son agression par un codétenu à la prison d'Arles (Bouches-du-Rhône), le militant indépendantiste corse Yvan Colonna était toujours jeudi matin dans le coma à Marseille, dans un état stable, a-t-on appris auprès d'un de ses avocats. "Pas d'amélioration ni de détérioration", a indiqué à l'AFP Me Patrice Spinosi, son avocat et celui de la famille Colonna insistant sur le fait qu'il n'était pas en état de mort cérébrale.
Mercredi soir, le parquet de Tarascon avait indiqué qu'il était dans un coma post-anoxique, un type de coma consécutif à une privation d'oxygène dans le cerveau. Yvan Colonna a été agressé mercredi, par un détenu condamné pour terrorisme alors qu'il faisait de la musculation seul, victime "d'une strangulation à mains nues puis d'un étouffement", selon le procureur de Tarascon, Laurent Gumbau.
"Nous allons faire tout ce qu’il faut évidemment pour que la vérité soit faite sur cette agression contre M. Colonna", a assuré jeudi sur France Inter le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, relevant les "propos tempérés" des élus corses "malgré les difficultés". "Je crois évidemment que tout le monde est très choqué par cette histoire. Je veux avoir une pensée pour la famille de M. Colonna, je veux aussi en tant que ministre de l’Intérieur avoir une pensée pour Mme Erignac et la famille Erignac", a-t-il ajouté.
La colère s'est rapidement exprimée depuis la Corse où était demandé de longue date son rapprochement dans une prison de l'île. Des demandes formulées en premier chef par Yvan Colonna qui est placé sous le statut de "détenu particulièrement signalé" (DPS), ce qui l'empêche d'être incarcéré à la prison corse de Borgo, mais qui ont toutes été refusées.
L’État porte "une responsabilité accablante"
"L’État était juridiquement responsable de la sécurité d'Yvan Colonna. S'il décède, l'administration pénitentiaire et l'ensemble de la hiérarchie politique dont elle dépend devra rendre des comptes", a estimé sa famille mercredi. Le président du conseil exécutif de Corse Gilles Simeoni a lui aussi estimé que l’État porte "une responsabilité accablante" dans cette agression.
Aujourd'hui âgé de 61 ans, le berger et militant indépendantiste avait été interpellé en juillet 2003 pour l'assassinat du préfet Claude Erignac, après quatre ans de cavale dans le maquis corse. Condamné à la réclusion à perpétuité, il a toujours nié les faits. Son agresseur est en garde à vue dans le cadre d'une enquête de la police judiciaire pour "tentative d'assassinat".