Yvelines : Un trafiquant de drogue libéré en raison d’un délai d'enquête trop long

Cet homme de 25 ans a été mis en examen pour trafic de stupéfiants et placé sous mandat de dépôt. Mais son avocat a contesté cette décision et a obtenu gain de cause.
Yvelines : Un trafiquant de drogue libéré en raison d’un délai d'enquête trop long
Illustration. (shutterstock)
Par Actu17
Le vendredi 8 avril 2022 à 22:37

« Scandaleuse incarcération et lenteur inacceptable de la justice » : c’est en résumé la position de Me Alexandre Simonin dans ce dossier. Arrêté trois ans après la découverte de ses empreintes génétiques sur de la résine de cannabis, son client, un jeune homme de 25 ans, a été remis en liberté jeudi soir par la chambre de l’instruction de Versailles (Yvelines) qui a estimé que cette affaire n’avait pas été menée dans les règles.

C’est le 7 mai 2019 que cette histoire commence. Les forces de l’ordre prennent en chasse deux hommes sur un scooter. L'engin, discrètement suivi, s'arrête sur le parking du foyer Adoma de La Verrière. Le passager pénètre dans le bâtiment pendant que le conducteur du scooter l'attend. A son retour, il est interpellé avec 100 grammes de haschisch. Dans leurs poches, les enquêteurs mettent la main sur une clé qui ouvre la porte d'une chambre du foyer Adoma. Ils y mènent une perquisition et y découvrent plus de 3 kg de cannabis.

Le propriétaire des lieux reconnaît qu’il stocke un kilo de résine et un peu d’herbe chez lui tous les dix jours, ce qui lui permet de fumer gratuitement. L’un des deux jeunes accuse la nourrice d’être son patron. Ils sont tous trois mis en examen et la police réalise des prélèvements sur les scellés. Le laboratoire permet d’isoler deux profils génétiques appartenant à deux autres trafiquants locaux. L’un d’eux, est un habitant de La Verrière. Il est déjà notoirement connu des forces de l’ordre et son casier judiciaire porte déjà cinq mentions.

«Les résultats de prélèvement ADN étaient connus trois mois après les saisies»

Mais en ce début d’année 2022, cet homme travaille depuis plus d’un an comme chauffeur livreur. Il s’est rendu en mars à la justice pour exécuter une peine de huit mois ferme pour trafic. C’est donc au centre pénitentiaire de Bois-d’Arcy que les forces de l’ordre sont allées le chercher pour l’interroger. Le trafiquant assume, mais souligne que cette histoire est la même que celle qui lui vaut d’être actuellement sous les verrous. Il est mis en examen, le 30 mars dernier avant d’être placé sous mandat de dépôt. L’avocat général assure que cette nouvelle incarcération est justifiée car, pour lui, ce sont deux affaires distinctes avec des faits différents. Et il rappelle que la police a été ralentie par la crise sanitaire.

Son avocat estime que les délais de traitement d’une affaire si simple sont inacceptables. « Les résultats de prélèvement ADN étaient connus trois mois après les saisies. Et on arrête mon client trois ans et demi après le début de cette affaire », dénonce-t-il. Me Simonin rappelle que ce garçon a aujourd’hui décidé de tirer un trait sur son passé de délinquant et qu’il devait passer devant le juge d’application des peines (JAP) pour tenter de plaider un aménagement, car s’il a été libéré dans cette affaire, il reste malgré tout en prison pour solder sa précédente dette à la société.