Le lundi 22 avril 2019 à 18:33
Âgé de 32 ans, Gaspard Glanz a été interpellé et placé en garde à vue pour « participation à un groupement en vue de commettre des violences ou des dégradations » et « outrage sur personne dépositaire de l’autorité publique ». L'homme a été déféré ce lundi au tribunal de Paris et pourrait faire l'objet d'une convocation ultérieure devant la justice.
Une vidéo de Hors Zone Press montre les instants avant l'interpellation du mis en cause. On y aperçoit Gaspard Glanz contourner une section de policiers alors que la situation est déjà tendue sur la place de la République. "Il est où le commissaire" dit à voix haute le journaliste indépendant, avant de revenir sur ses pas pour contourner les policiers de l'autre côté, en disant la même chose.
"Il m'a tiré dessus avec une grenade" déclare ensuite le journaliste qui semble énervé, répondant à une question d'une femme. Alors qu'il se trouve à proximité de plusieurs policiers, l'un des fonctionnaires le repousse de la main fermement, sans aucun doute pour qu'il cesse de tourner autour de la section de policiers.
C'est alors que Gaspard Glanz s'adresse au policier en question sans que l'on puisse entendre dans quels termes et lui fait un doigt d'honneur. Un geste prévu et puni par le code pénal à l'article 433-5.
Un autre policier rattrape alors le journaliste et ce dernier est amené au sol pour être menotté. Dans le même temps, plusieurs autres fonctionnaires forment un périmètre de sécurité en avançant sur les personnes présentes à proximité.
La mesure de privation des libertés a été prolongée et plusieurs dizaines de personnes se sont rassemblées devant le commissariat ce lundi matin vers 10 heures, en soutien au journaliste indépendant.
🔴Rassemblement face au commissariat du 12ème à #Paris pour soutenir le journaliste Gaspard Glanz (@GaspardGlanz) interpellé ce samedi alors qu’il couvrait la manif des #GiletsJaunesPlace de la République. Il est en garde à vue depuis près de 48h.#GaspardGlanz #FreeGaspard pic.twitter.com/Hc5iXSJ3S5
— Charles Baudry (@CharlesBaudry) 22 avril 2019
Le journaliste a déjà eu affaire à la justice
Gaspard Glanz a fondé "Rennes TV" en 2012, qui s'est plus tard transformée en la société de production "Taranis News". L'homme est régulièrement contesté pour son approche militante mais aussi soutenu par ceux qui mettent en valeur son travail sur le terrain.
Ce n'est pas la première fois que le journaliste indépendant a affaire à la police et à la justice. Gaspard Glanz avait été interpellé en juin 2016 pour "attroupement en vue de commettre un délit", lors d'une manifestation à Paris contre la loi travail de Myriam El Khomri.
Il avait ensuite été interpellé en octobre 2016 dans "la jungle" de Calais et avait été poursuivi pour le vol d'une radio police appartenant aux CRS, qu'il avait "ramassée" par terre. Il avait été condamné à une amende "symbolique" selon son avocat cité par Le Monde. Une vidéo montrant la radio allumée avait été diffusée sur le compte Youtube de "Taranis News".
Le journaliste indépendant avait aussi été poursuivi pour injures publiques sur douze fonctionnaires de police de Rennes. Gaspard Glanz avait diffusé une photo de ces derniers avec un slogan nazi : "Ein Volk, Ein Reich, Ein Führer" ("Un peuple, un empire, un chef", ndlr).
Peu après, le journaliste indépendant avait écopé d'un placement sous contrôle judiciaire, l'obligeant à pointer une fois par semaine au commissariat de Strasbourg. L'homme a plus tard découvert qu'il était "fiché S" car "susceptible de se livrer à des actions violentes". Il a alors fait un recours au Conseil d'État afin que cette fiche lui soit retirée, mais a essuyé un refus.
😡Je viens d’apprendre à l’instant de @raphkempf que le Conseil d’État REFUSE D’EFFACER la Fiche S me concernant sur la base d’élèments (que je ne connais pas) fournis par le ministère de l’Interieur.
C’est offciel je reste Fiché S comme «Individu Suceptible d’action violentes». pic.twitter.com/yC2x9UmzCf
— Gaspard Glanz (@GaspardGlanz) 28 février 2019
En juillet 2018, Gaspard Glanz avait diffusé plusieurs photos d'Alexandre Benalla, alors que l'affaire venait d'éclater.
Encore un autre plan : cette fois-ci devant le McDonald, après l’assaut des CRS.
Il est bien équipé d’un talkie walkie « ACROPOL » de la police, et il porte un brassard. Je vous fabrique une compilation, attendez un peu. pic.twitter.com/WGpsZ9Oyr0
— Gaspard Glanz (@GaspardGlanz) 18 juillet 2018
#FreeGaspard
Ces dernières heures, le hashtag #FreeGaspard a fait son apparition notamment sur Twitter, où de nombreuses personnes et personnalités ont apporté leur soutien à Gaspard Glanz. Notamment son père, Eric Glanz ancien photographe et spécialiste du marketing web. "Libérez mon fils, putain de fascistes !!!" a-t-il écrit ce samedi après-midi.
Libérez mon fils, putain de fascistes !!!#FreeGaspard @GaspardGlanz @TaranisNews @libe pic.twitter.com/7RzDa6p7Wo
— ERIC GLANZ (@ERIC_GLANZ) 20 avril 2019
Gaspard Glanz a aussi reçu, entres autres, les soutiens du leader de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon, du député LFI Alexis Corbière, de la sénatrice EELV Esther Benbassa, et des journalistes Edwy Plenel et Daniel Schneidermann.
Solidaire avec le journaliste #GaspardGlanz.
Encore une instrumentalisation politique de la justice.
Un pouvoir autoritaire s'installe.
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) 22 avril 2019
Cette pression judiciaire exercée sur un journaliste est intolérable. Cets une instrumentalisation politique de la justice. Tous ses collègues devraient manifester leur indignation. Solidarité avec #GaspardGlanz !https://t.co/LsSnvdCw6x
— Alexis Corbière (@alexiscorbiere) 22 avril 2019
Le syndicat national des journalistes (SNJ) a également réagi dans un tweet à l'interpellation du jeune homme. "Qu'est-ce qui justifie d'interpeller des reporters, si ce n'est pour les empêcher de travailler ?"
Qu'est-ce qui justifie d'interpeller des reporters, si ce n'est pour les empêcher de travailler ? Ne bafouez pas l'état de droit @CCastaner ! @prefpolice respectez la liberté d'informer !#AlloPlaceBeauvau @franckriester https://t.co/A8DrTotIGd
— SNJ (@SNJ_national) 20 avril 2019