Guadeloupe : 200 policiers et gendarmes envoyés en renfort après une nuit de «guérilla urbaine»

La situation a dégénéré en Guadeloupe dans plusieurs communes, durant la nuit de jeudi à vendredi, après la manifestation contre le pass sanitaire. Plusieurs centaines de personnes ont mis en place des barrages, provoqué des incendies et affronté les forces de l'ordre. Des magasins ont aussi été pillés. Deux policiers et des gendarmes ont été blessés.
Guadeloupe : 200 policiers et gendarmes envoyés en renfort après une nuit de «guérilla urbaine»
Des violences urbaines se sont déroulées une grande partie de la nuit en Guadeloupe. (captures écran/DR)
Par Actu17
Le vendredi 19 novembre 2021 à 20:41 - MAJ vendredi 19 novembre 2021 à 22:00

Policiers et gendarmes ont fait face à des scènes de guérilla urbaine particulièrement violente la nuit dernière en Guadeloupe, à la suite de la manifestation contre le pass sanitaire et l’obligation vaccinale du personnel soignants. Des violences avaient déjà éclaté durant les trois nuits précédentes. Le mouvement contestataire, à l'origine de cette grève généralisée qui a atteint son cinquième jour ce vendredi, a été lancé par un collectif d’organisations syndicales et citoyennes.

Suite à cette flambée de violences, les ministres des Outre-mer, Sébastien Lecornu, et de l’Intérieur, Gérald Darmanin, ont annoncé le renfort de 200 policiers et gendarmes "dans les prochains jours afin de rétablir l’ordre républicain", tout en condamnant "avec la plus grande fermeté les violences qui se sont déroulées ces dernières heures en Guadeloupe".

Un couvre-feu de 18h à 5h

Ce vendredi en fin de journée, la préfecture de Guadeloupe a annoncé la mise en place d'un couvre-feu de 18 heures, jusqu'à 5 heures, "à compter de ce jour (...) jusqu'au 23 novembre". "La vente d’essence en jerrican est également interdite", précise-t-on.

Bijouteries et magasins pillés

Au cours de la soirée et la nuit dernière, les forces de l'ordre ont fait face à de nombreux incidents. A Pointe-à-Pitre, une centaine d'individus ont bloqué l'accès au centre-ville. Au milieu de la nuit, des individus munis de disqueuses ont pillé des magasins et notamment trois bijouteries. Quatre immeubles qui comptent de nombreuses habitations en bois sont aussi partis en fumée. Au Gosier, c'est un concessionnaire qui a été dévalisé vers 1 heure du matin. De violents incidents se sont également produits aux Abymes. Un véhicule volé sur un chantier a été incendié sur un rond-point.

Des gendarmeries attaquées

Les pompiers ont évoqué « un contexte de guérilla urbaine ayant fortement entravé l’acheminement des secours ». Plusieurs gendarmeries, du Lamentin et de Morne-à-L’Eau entre autres, ont été prises pour cible et encerclées par des individus encagoulés. Plusieurs militaires ont été blessés par des jets de pierres. Des véhicules ont également été brûlés.

"La situation est compliquée au CHU de Guadeloupe. Les barrages, les suspensions, les arrêts maladie mais aussi le blocage et les manifestations devant l’hôpital etc., perturbent le bon déroulement des soins. Les chimiothérapies par exemple n’ont pas pu être administrées aujourd’hui. Les médecins ne peuvent rallier leur poste", a déploré Cédric Zolezzi, le directeur général adjoint du CHU de Guadeloupe, cité par Le Parisien.

"Cette violence ne peut être ni tolérée ni acceptée et doit même être condamnée par tous", a appuyé le préfet de Guadeloupe, Alexandre Rochatte, dans un communiqué. "Les auteurs des violences continueront à être interpellés et poursuivis", a-t-il prévenu.

"Il est grand temps que le gouvernement ouvre les yeux sur la criminalité en outre-mer"

"Nous avons deux collègues blessés et nous tenons à leur apporter tout notre soutien", a réagi Cédric Boyer, délégué national outre-mer du syndicat Alliance Police Nationale, à Actu17. Est-ce que ces 200 policiers et gendarmes en renfort vont suffire à rétablir le calme ? "La problématique n’est pas tellement le nombre de renforts mais plutôt le temps qu’ils vont rester sur place", prévient Cédric Boyer.

"Notre organisation ne cesse de dénoncer la montée de la violence en outre-mer, que ce soit aux Antilles mais aussi en Guyane ou encore à Mayotte. Ce qu’il faut c'est une vraie politique sécuritaire en outre-mer et qu’on arrête de mettre des pansements sur des jambes de bois, avec des renforts ponctuels", lance-t-il. "On ne règle pas les problèmes avec du provisoire et il est grand temps que le gouvernement ouvre les yeux sur la criminalité en outre-mer !"