Le mardi 6 septembre 2022 à 10:57 - MAJ mardi 6 septembre 2022 à 14:48
L'un des deux frères suspectés d'avoir tué dix personnes dimanche au Canada a été retrouvé mort, a annoncé lundi la police, qui traque toujours le deuxième suspect de ces attaques parmi les plus meurtrières dans le pays ces dernières années et dont le motif reste inexpliqué.
Selon le dernier bilan, 18 autres personnes ont été blessées, dont certaines grièvement, dans deux villes isolées du centre-ouest du pays, dans la province de la Saskatchewan. Lundi soir, 13 victimes étaient toujours à l'hôpital dont quatre dans un état critique, selon les autorités sanitaires de la province.
Alors que la police suspectait une fuite à Regina, la capitale de la province située à plus de 300 km des lieux, le corps de Damien Sanderson, 31 ans, a finalement été découvert dans la communauté autochtone où se sont déroulés les meurtres.
«Il pourrait avoir été tué par son frère»
Il portait plusieurs "blessures visibles" et a été découvert "dans dans une zone herbeuse, à proximité d'une maison" en cours d'inspection, a expliqué la commissaire adjointe de la Gendarmerie royale du Canada, Rhonda Blackmore. "Nous ne pouvons pas dire avec certitude comment Damian est décédé, mais il pourrait avoir été tué par son frère", a-t-elle ajouté.
Dans la soirée, Myles était "toujours en liberté et est toujours considéré comme armé et dangereux" a déclaré dans une vidéo Evan Bray, le chef de la police de Regina. Ce dernier a de nouveau demandé aux habitants de signaler "tout ce qui est inhabituel ou toute information que vous pourriez avoir, qui pourrait permettre de résoudre rapidement cette situation".
Depuis dimanche, en plein week-end prolongé au Canada, des centaines de policiers traquaient les suspects dans une zone immense de la région des prairies.
Myles Sanderson, 30 ans, est peut-être blessé et pourrait avoir "besoin de soins" a précisé la police. Il est déjà recherché depuis mai dernier pour ne pas avoir respecté son contrôle judiciaire, et avait été condamné à près de cinq ans d'emprisonnement notamment pour vol.
Victimes autochtones
Les meurtres ont touché une communauté autochtone à James Smith Cree Nation et la ville voisine de Weldon dans la Saskatchewan, grande province rurale très peu peuplée du centre-ouest du pays.
Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a déploré lundi que ce type d'attaques meurtrières soient "devenues trop courantes". "Ce type de violence n'a pas sa place dans notre pays", a-t-il déclaré.
Aujourd’hui et demain, le drapeau de la Tour de la Paix sera mis en berne – en mémoire de ceux qui ont perdu la vie lors des attaques survenues hier en Saskatchewan et en solidarité avec toutes les personnes touchées par cette violence. Tous les Canadiens sont là pour vous.
— Justin Trudeau (@JustinTrudeau) September 5, 2022
Dans la province, les habitants sont sous le choc. "Plus personne dans cette ville ne va plus jamais dormir. Ils vont être terrifiés à l'idée d'ouvrir leur porte", a déclaré au quotidien local Saskatoon StarPhoenix Ruby Works, qui vit à Weldon. "Je suis éplorée, je suis en colère", a confié Melissa Harp, une autre résidente dont le beau-frère a été tué, au quotidien La Presse.
Selon la police, qui n'a pas donné de détails sur leurs identités, certaines victimes ont été ciblées par les suspects et d'autres ont été attaquées au hasard. Parmi les premières identifiées par les médias canadiens figurent un retraité de 77 ans, une femme secouriste et son neveu de 14 ans.
La majorité des victimes sont autochtones. Au Canada, ces derniers représentent environ 5% des 38 millions d'habitants, et vivent dans des communautés souvent ravagées par le chômage et la pauvreté.
«Stress et panique incommensurables»
Lundi sur les réseaux sociaux, les messages de détresse et de condoléances se sont multipliées parmi les résidents de la région. Bobby Cameron, le chef de la Fédération des nations autochtones souveraines (FSIN), qui représente les communautés de la province, a imploré "toute la population de la Saskatchewan de partager toute information pertinente que vous pourriez avoir".
"L'incertitude continue de provoquer un stress et une panique incommensurables chez nos familles, amis et voisins. Ils ont déjà assez souffert", a-t-il ajouté.
Ces dernières années, le Canada a vécu une succession d'événements d'une violence rare pour le pays. En avril 2020, un tireur s'étant fait passer pour un policier avait tué 22 personnes en Nouvelle-Écosse. En janvier 2017, six personnes avaient péri et cinq ont été blessées dans des attaques contre une mosquée de Québec.
Plusieurs responsables internationaux ont exprimé leur soutien au Canada après ce drame. Le chancelier allemand Olaf Scholz a évoqué des attaques "horribles et dévastatrices", et le Premier ministre israélien Yaïr Lapid a tweeté que son pays se tenait "aux côtés des Canadiens face à une telle violence insensée".
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, qui s'est dite "horrifiée", a elle promis de "rendre hommage aux victimes" lors de sa visite à Saskatoon dans deux semaines.