Le dimanche 20 novembre 2022 à 21:59
Il "est entré dans la boîte et a immédiatement commencé à tirer" : un homme de 22 ans a fait au moins cinq morts et 18 blessés dans la nuit de samedi à dimanche dans une discothèque LGBT à Colorado Springs aux États-Unis.
L'établissement, qui porte le nom de "Club Q", a remercié dimanche sur Facebook "les clients héroïques qui ont maîtrisé le tireur et mis fin à cette attaque haineuse". Au moins deux armes à feu ont été trouvées sur les lieux. "Je peux confirmer que le suspect a utilisé un fusil", a déclaré le chef-adjoint de la police de la ville de Colorado Springs, Adrian Vasquez.
Les autorités ont identifié le suspect, Anderson Lee Aldrich, sans préciser s'il avait agi seul. L'homme a été arrêté et transporté à l'hôpital.
«J'ai entendu des tirs. Je pensais que c'était la musique»
"Deux personnes au moins dans la boîte l'ont affronté et se sont battues avec lui. Elles sont parvenues à stopper le suspect", a déclaré Adrian Vasquez. "J'étais sur la piste de danse lorsque j'ai entendu des tirs. Je pensais que c'était la musique (...) puis j'ai réalisé ce qui était en train de se passer", a relaté Joshua Thurman, un témoin cité par la à la chaîne locale KRDO 13. "Je me suis précipité vers les vestiaires et un autre client m'a suivi. On a fermé la porte à clé, on s'est mis à plat ventre et on a éteint la lumière", a-t-il ajouté les larmes aux yeux.
La police fédérale américaine (FBI) a également été sollicitée pour assister les agents de police locaux dans l'enquête. Les blessés ont été transportés dans divers hôpitaux du Colorado, un État du centre du pays. La boîte de nuit s'est aussi dite "bouleversée par cette attaque insensée contre notre communauté".
"Nous ne devons pas tolérer la haine", a réagi depuis Washington le président Joe Biden, tandis que le gouverneur du Colorado Jared Polis, premier gouverneur ouvertement homosexuel élu aux États-Unis, s'est déclaré "horrifié et dévasté".
Le Club Q avait annoncé samedi un événement LGBT, une soirée "avec toutes sortes d'identités de genres et de numéros" à l'occasion de la Journée du souvenir transgenre, célébrée internationalement le 20 novembre. Cette journée de mobilisation trouve son origine dans l'assassinat en 1998 aux États-Unis de la femme transgenre Rita Hester.
Les autorités n'ont pas donné d'indication sur l'éventuel mobile de l'attaque attribuée à Anderson Lee Aldrich. Un homme âgé de 21 ans et du même nom avait menacé l'année dernière sa mère avec une bombe artisanale et plusieurs armes, dans une ville située à 30 minutes en voiture de Colorado Springs, avait rapporté le bureau du shérif du comté d'El Paso, qui comprend la ville.
Le précédent tragique d'Orlando
Ce nouveau drame s'inscrit dans un contexte de résurgence d'actes hostiles aux personnes transgenres, selon les statistiques des associations et du FBI. Le 12 juin 2016, un Américain d'origine afghane, Omar Mateen, avait tué 49 personnes et blessé une cinquantaine d'autres dans une boîte gay d'Orlando (Floride, Sud-Est), le Pulse.
La tuerie illustre aussi la flambée de mortalité liée aux armes à feu dans un pays où elles circulent en très grand nombre.
Depuis le début de l'année, 601 fusillades de masse ont été recensées aux États-Unis, en comptant la tragédie de Colorado Springs samedi, selon l'organisation Gun Violence Archive. Une fusillade de masse signifiant selon elle que quatre personnes ou plus ont été tuées ou blessées par balle, sans compter le tireur. Le pays compte davantage d'armes individuelles que d'habitants et affiche un taux de décès par armes à feu sans comparaison avec celui des autres pays développés.
Environ 49 000 personnes sont mortes par balle aux États-Unis en 2021, contre 45 000 en 2020, qui était déjà une année record. Cela représente plus de 130 décès par jour, dont plus de la moitié sont des suicides. L'histoire américaine récente est en effet jalonnée de tueries, sans qu'aucun lieu de la vie quotidienne ne semble à l'abri, de l'entreprise à l'église, du supermarché à la discothèque, de la voie publique aux transports en commun.
Toute tentative de législation réellement contraignante bute toutefois sur le lobbying très puissant de la National Rifle Association, qui a de puissants leviers parlementaires, ainsi que sur l'opposition farouche de nombreux parlementaires conservateurs, partisans d'une interprétation très large du droit constitutionnel à détenir une arme à feu.