Le mardi 10 janvier 2023 à 10:33
Le procès pour meurtres au nom du groupe État islamique (EI) d'un Ouzbek qui avait tué huit cyclistes et piétons à bord d'un gros véhicule à New York en 2017, s'est ouvert lundi, un dossier dans lequel la justice américaine a demandé la peine de mort.
Le jour d'Halloween en 2017, Sayfullo Saipov, un Ouzbek radicalisé, avait lancé son pick-up sur une promenade le long de l'Hudson, dans le sud de Manhattan, fauchant de nombreuses victimes et faisant huit morts, dont cinq Argentins et une Belge. Il s'agissait du bilan le plus meurtrier pour un attentat à New York après ceux du 11 septembre 2001.
Le procès, qui devrait durer trois mois devant une cour de Manhattan, est le premier au niveau fédéral du mandat de Joe Biden où la peine de mort est en jeu.
Élu en novembre 2020, le président démocrate avait promis pendant sa campagne de travailler pour abolir la peine capitale au niveau fédéral et son ministre de la Justice avait décrété peu après l'élection un moratoire sur les exécutions fédérales, n'empêchant pas celles décidées par les États. Mais dans un document judiciaire du 16 septembre 2022 figurant au dossier de Sayfullo Saipov, le procureur de Manhattan Damian Williams avait pris acte de la décision du ministère de la Justice "de continuer à demander la peine de mort" dans cette affaire, ne remettant ainsi pas en cause une position décidée sous le mandat de Donald Trump (2017-2021).
28 chefs d'accusation
Dans une autre affaire terroriste, celle de l'attentat du marathon de Boston en 2013, l'administration Biden s'était déjà abstenue de faire barrage à une saisine de la Cour suprême sous le mandat de Donald Trump visant à rétablir la peine de mort. Pour l'un des deux auteurs, Djokhar Tsarnaev, la haute cour avait ainsi rétabli la peine capitale en mars 2022.
Sayfullo Saipov, 34 ans, est visé par 28 chefs d'accusation, dont huit pour "meurtre en vue de rejoindre l’État islamique" et un pour "soutien à l’État islamique". Lors de ses déclarations à l'ouverture des débats, le procureur Alexander Li a rappelé que l'accusé avait voulu faire le plus de victimes possibles et choisi New York parce qu'"il savait il y aurait du monde dans les rues". Il a décrit Sayfullo Saipov, arrivé en 2010 aux États-Unis, comme se préparant depuis 2016 "à devenir un soldat de l'EI".
Selon David Patton, l'un de ses avocats, M. Saipov ne cherchait pas à rejoindre l'EI après ses crimes et s'attendait à mourir. Il a présenté cet homme marié et père de trois enfants comme s'étant radicalisé sur internet. "Il s'était convaincu" que ses crimes correspondaient à "une obligation religieuse" et "il le croit toujours", a ajouté l'avocat.