Policier tué à Bruxelles : l'assaillant, Yassine M., était fiché par les services antiterroristes

Un policier a été tué à l'arme blanche, un second blessé, lors d'une attaque dans le nord de Bruxelles ce jeudi soir. L'assaillant, déjà connu des services antiterroristes et de la justice belge, a été neutralisé par balle. Le policier décédé, Thomas M., avait 29 ans.
Policier tué à Bruxelles : l'assaillant, Yassine M., était fiché par les services antiterroristes
Deux policiers en faction à Bruxelles, le 19 mars 2019. (Illustration / Alexandros Michailidis / Shutterstock)
Par Actu17
Le vendredi 11 novembre 2022 à 15:52

L'assaillant qui a poignardé à mort un policier ce jeudi soir à Bruxelles (Belgique) avait été incarcéré pour des faits de droit commun entre 2013 et 2019. Il était fiché par l’organe belge d’analyse de la menace terroriste (OCAM), qui recense les individus radicalisés jugés dangereux, a annoncé ce vendredi le parquet fédéral lors d'une conférence de presse.

Le suspect, "Yassine M., né en 1990 à Bruxelles, de nationalité belge", a crié "Allah akbar" en attaquant, avec un couteau, deux policiers qui se trouvaient dans leur voiture arrêtée à un feu rouge, près de la Gare du Nord à Schaerbeek, vers 19h15. L’un des deux policiers, Thomas M., 29 ans, touché "à hauteur de la gorge" n’a pas survécu, tandis que son collègue de 23 ans, Jason P., blessé au bras droit, "a été opéré cette nuit" et "semble hors de danger", a souligné le parquet fédéral. L'assaillant a été neutralisé par balle par une autre patrouille et hospitalisé.

Le policier Thomas M. était âgé de 29 ans. (DR)

Emmené aux urgences psychiatriques le matin

Le procureur de Bruxelles Tim De Wolf a expliqué que, jeudi matin, Yassine M. s’était présenté dans un commissariat bruxellois "en tenant des propos incohérents". "À la demande du magistrat de garde", le suspect a alors été emmené par des policiers aux urgences psychiatriques d’un hôpital bruxellois, mais sans privation de liberté car il ne répondait pas aux critères légaux de l’internement d’office, a-t-on expliqué. "Il était volontaire".

La patrouille de police a quitté l’hôpital après s’être assurée que Yassine M. était bien pris en charge par des infirmiers. "Plus tard, les policiers ont repris contact avec l’hôpital afin de vérifier si la personne avait été gardée en observation. Il s’est avéré qu’elle avait quitté l’hôpital", a détaillé le magistrat. Une enquête "du chef d’assassinat et tentative d’assassinat dans un contexte terroriste", conduite sous la responsabilité du parquet fédéral, a été ouverte. Le suspect sera interrogé dès que son état de santé le permettra.

Un rapport évoquant l'«idéologie extrême» du suspect

Dans un arrêt du Conseil d’État datant de 2017, cité par De Morgen, un rapport de la prison de Lantin évoque la situation de Yassine M. : "L’intéressé est incarcéré depuis mai 2013 pour des faits de tentatives/vols avec violence. Il a été transféré à la prison de Lantin en date du 09.06.2017 notamment suite à une agression commise sur un agent pénitentiaire à la prison de Ittre. Bien que l’intéressé ne soit pas détenu pour des faits en lien avec le terrorisme, il apparaît qu’il aurait influencé plusieurs codétenus vulnérables avec son idéologie extrémiste. Le risque de prosélytisme n’est dès lors pas à exclure. A cet égard, il est signalé depuis août 2015 comme musulman radicalisé. Précisons par ailleurs qu’il appartient à un milieu (familial) fortement radicalisé."

«Ce quartier est une jungle»

Dans un communiqué de presse, Eric Labourdette, représentant du syndicat SLFP, décrit une situation chaotique dans le quartier où l'attaque a eu lieu. "Au mois d’août, le SLFP a interpellé le Ministre-Président sur la situation d’insécurité dans le quartier "nord" de Bruxelles. Rien n'a changé que du contraire, la situation s'est aggravée car la zone semble avoir été désertée par les pouvoirs publics", peut-on lire. "Les agressions commises sont de plus en plus nombreuses. De la gare du nord à la station Yser c'est un quartier insalubre et agressif. Ce quartier est un univers hallucinant de déchéance humaine où semble régner l'impunité la plus totale. Les déchets, l'urine et les excréments humains jonchent le sol."

"Chaque jour, ce quartier est envahi par des toxicomanes qui fument du crack au vu de tous, des groupes d'hommes agressifs client de prostitution (les femmes subissent donc un harcèlement sexuel constant en rue), des mendiants, des SDF, des demandeurs d’asile, des sans-papiers, bref ce quartier est une jungle", ajoute Eric Labourdette.