Le mardi 15 novembre 2022 à 00:44
Un magistrat parisien poursuivi pour proxénétisme par son ancienne compagne prostituée a été relaxé lundi soir par le tribunal correctionnel de Nanterre au motif que l'infraction n'était pas caractérisée.
Ce magistrat sexagénaire, exerçant au tribunal judiciaire de Paris, était poursuivi pour aide, assistance ou protection de la prostitution d'autrui. En l'occurrence, il lui était reproché d'avoir donné de l'argent à son ex-compagne, une Gabonaise de 24 ans, argent qu'elle utilisait pour financer ses déplacements et la location d'appartements pour son activité. Il a reconnu lui avoir ainsi versé plus de 200 000 euros en deux ans, "pour qu'elle cesse de se prostituer au plus vite", a-t-il fait valoir à la barre.
La jeune femme, qui se déplaçait entre dix et quinze jours par mois pour son activité, pouvait gagner jusqu'à 8000 euros mensuels. Elle accusait le prévenu de lui avoir "suggéré" de se prostituer. "Je savais qu'elle se prostituait, mais je l'aimais", a expliqué le magistrat, qui s'occupait seul du bébé du couple quand sa compagne était en déplacement. Il s'était mis en couple avec elle après l'avoir approchée sur un site de rencontres tarifées. Elle avait dans un premier temps arrêté son activité, avant de la reprendre. Une véritable "souffrance" pour lui, a-t-il décrit.
«S'il lui achète à manger, il facilite son activité alors ?»
Le parquet, qui n'a pas été suivi par le tribunal, avait requis une condamnation à six mois avec sursis à son encontre. "Le code pénal incrimine de façon générale toute forme d'assistance à la prostitution d'autrui", même sans en bénéficier financièrement, a rappelé le ministère public.
"On va trop loin", a réagi l'avocat de la défense, Pierre de Combles de Nayves. "Tout est facilitation à ce moment-là, s'il lui achète à manger, il facilite son activité alors ?", a-t-il demandé. "Qui va oser prétendre que monsieur avait l'intention que la mère de son fils, qu'il a accueilli chez lui, à qui il versait de l'argent, se prostitue ?", a-t-il également demandé, mettant en avant les "problèmes affectifs" de son client. Une version retenue par le tribunal, qui a tranché dans son sens après un court délibéré.