Le vendredi 4 octobre 2024 à 20:10
Le meurtrier de Léa, une fillette de deux ans et demi tuée en 2018 à Mairieux (Nord), a été libéré après avoir purgé six ans de détention sur une peine de huit ans, comme l'a rapporté La Voix du Nord. Cette remise en liberté, survenue cette semaine, provoque la colère et l’incompréhension de la famille de la victime, qui s’inquiète pour sa sécurité.
Le 28 septembre, Alain Marmignon, grand-père de la petite Léa, a reçu un appel inattendu d’un magistrat l’informant de la libération imminente de l’auteur du meurtre. "Je peux vous dire que ce qu’on m’a annoncé est peut-être aussi violent que le drame que nous avons vécu en mai 2018", déclare-t-il au quotidien régional. Quelques jours plus tard, la famille a été convoquée au tribunal d’Avesnes-sur-Helpe pour obtenir des explications. Le jeune homme, aujourd’hui âgé de 20 ans, avait été condamné à huit ans de réclusion après avoir poignardé Léa de 22 coups de couteau. À l’époque, il avait 14 ans et avait été placé chez les grands-parents de la fillette, qui étaient famille d’accueil.
«Un fort potentiel de récidive»
Les Marmignon n’ont rien oublié du procès. "Imaginez-vous dans quel état de stress nous vivons maintenant sachant qu’un meurtrier a été libéré à peine six ans et quatre mois après sa condamnation", réagit Marie-Christine Marmignon, la grand-mère de Léa, auprès de nos confrères. L’inquiétude de la famille est renforcée par les conclusions des experts psychiatres de l’époque, qui avaient mis en évidence "un fort potentiel de récidive" et recommandé un placement en soins spécialisés.
Alain Marmignon a partagé sa colère et son incompréhension sur Canal FM : "On ne comprend pas la décision du juge d'application des peines parce que c'est une personne susceptible d'être récidiviste, ce qui a été mentionné à plusieurs reprises pendant les audiences au tribunal. Ma fille est dans un état catastrophique". Ce sentiment d’injustice est renforcé par le fait que Léa aurait dû fêter son neuvième anniversaire le dimanche suivant, le 29 septembre.
«Il a toujours dit qu'il se vengerait»
En plus du choc de cette libération, la famille craint pour sa sécurité. Le jeune homme, lors des audiences, avait fait des déclarations inquiétantes, menaçant de se venger. "Lors des audiences au tribunal, il a toujours dit qu'il se vengerait, qu'il reviendrait chez nous (...). Donc on a peur, ma fille se barricade déjà depuis quelques jours", confie Alain Marmignon.
Le juge d'application des peines (JAP) a précisé que le jeune homme serait soumis à un suivi socio-judiciaire jusqu’en 2034 et qu’il lui est interdit d'entrer en contact avec la famille ou de paraître à leur domicile. Le non-respect de ces conditions pourrait entraîner la révocation de sa libération conditionnelle. Mais pour la famille, ces mesures sont insuffisantes. "Si au moins il avait eu une interdiction de résider dans le Nord…", s’indigne Alain Marmignon. La famille a même envisagé de renforcer la sécurité de leur domicile en installant des caméras et un portail sécurisé, puisque le meurtrier connaît bien les lieux.
«On est un peu dégoûtés de la justice française»
Alain Marmignon souhaite continuer de se battre pour éviter que de tels drames ne se reproduisent, en particulier en pointant des défaillances du système de protection sociale. Il évoque également le meurtre récent de Philippine, une jeune fille de 19 ans tuée à Paris, qui résonne douloureusement avec la tragédie qu’a vécue sa famille. "On est un peu dégoûtés de la justice française. Ce n’est pas normal de tuer un enfant et d’avoir une remise de peine, ça ne devrait pas exister", conclut-il.