Le mardi 18 février 2025 à 01:24
Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a annoncé ce lundi 17 février la suppression des "activités ludiques" en prison qui ne sont pas liées à l’éducation, à l’apprentissage de la langue française ou au sport. Cette décision intervient après la controverse suscitée par des soins du visage dispensés à des détenus de la maison d’arrêt de Toulouse-Seysses (Haute-Garonne).
Selon le journal La Dépêche, une vingtaine de détenus de cet établissement ont bénéficié d’un massage du visage offert par une école toulousaine. Cette initiative, ainsi qu’un atelier de danse country organisé la semaine précédente, ont provoqué l’indignation du syndicat Force ouvrière (FO) Justice.
Interrogé à l’issue d’une visite du centre pénitentiaire de Condé-sur-Sarthe (Orne) ce lundi, Gérald Darmanin a justifié sa décision : "Il est hors de question d’avoir des activités ludiques qui choquent tous nos concitoyens et qui m’ont choqué profondément lorsque j’ai appris que cette activité gratuite qui avait été proposée localement avait été acceptée".
Le ministre a précisé avoir demandé au directeur de l’administration pénitentiaire "qu’une instruction soit donnée à tous les directeurs de centres pénitentiaires, de toutes les prisons, pour que nous nous limitions absolument qu’au soutien scolaire et à la langue française, à l’activité autour du travail et à l’activité sportive à l’intérieur de la prison". Il a insisté sur le fait qu’il fallait "arrêter désormais totalement ces activités dont personne ne comprend pourquoi elles existent" et a assuré qu’elles seraient stoppées à partir de lundi.
«Le vrai scandale se situe dans le fait que les maisons d’arrêt soient surpeuplées»
La Contrôleure générale des lieux de privation de liberté, Dominique Simonnot, a critiqué cette interdiction, la jugeant "un tort". Elle a rappelé que ces activités "sont prévues par la loi" et qu’elles "ne sont pas simplement ludiques, elles réapprennent aux gens à revivre normalement". Elle a également dénoncé la surpopulation carcérale, soulignant que la maison d’arrêt de Toulouse-Seysses affiche un taux d’occupation de 208%. "Le vrai scandale se situe dans le fait que les maisons d’arrêt soient surpeuplées de cette manière", a-t-elle déclaré, ajoutant qu’"il y ait des matelas au sol" et que "les gens soient traités comme des poulets en batterie".
Un précédent en août 2022
Cette affaire rappelle une polémique similaire survenue en août 2022, après l’organisation d’une épreuve de karting à la prison de Fresnes (Val-de-Marne). À l’époque, le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, avait affirmé qu’il aurait opposé son "veto" s’il avait été informé au préalable.
Par ailleurs, Gérald Darmanin poursuit ses visites dans plusieurs établissements pénitentiaires afin de choisir l’emplacement d’une future prison de haute sécurité destinée aux narcotrafiquants dangereux. Après avoir visité le centre pénitentiaire de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais) et la maison centrale d’Arles (Bouches-du-Rhône), il doit encore se rendre à la maison centrale de Saint-Maur (Indre) avant de prendre sa décision finale, attendue "d’ici à une dizaine de jours". L’ouverture de cet établissement reste prévue pour le 31 juillet.