Le samedi 5 juillet 2025 à 20:31
Un gynécologue de Bonneville (Haute-Savoie) a été condamné à dix ans de réclusion criminelle pour des faits de viols commis sur des patientes au cours de consultations médicales. Le verdict a été rendu samedi matin par la cour criminelle de la Haute-Savoie.
André Kahil, âgé de 61 ans, était poursuivi pour une trentaine de viols et agressions sexuelles commis entre 2009 et 2015 dans son cabinet de Bonneville. Au terme de trois semaines d’audience, il a été reconnu coupable de neuf faits de viols. La cour a estimé que les 21 autres faits n’étaient pas suffisamment établis. Le gynécologue a également été condamné à une interdiction définitive d’exercer la médecine et à une inscription au fichier des auteurs d’infractions sexuelles.
«Les pénétrations subies en consultation n’avaient rien de médical»
Trente femmes avaient initialement porté plainte contre le praticien. Selon Me Aurélie Zakar, avocate de plusieurs parties civiles, "les pénétrations subies en consultation n’avaient rien de médical et étaient en réalité sexualisées (…) Mes trois clientes ont été reconnues victimes, elles ont été entendues et crues. Elles peuvent désormais se reconstruire".
Les actes reprochés incluaient des pénétrations péniennes, des touchers rectaux injustifiés, ainsi que des "massages vaginaux" présentés comme nécessaires pour traiter un utérus rétroversé. Ce diagnostic a été contesté par les avocats des parties civiles, rappelant qu’il ne s’agit pas d’une pathologie nécessitant un quelconque traitement. Dans de nombreux cas, André Kahil demandait également à ses patientes de se placer en position fœtale, dos à lui, ce qui les empêchait de voir les gestes réalisés pendant les examens.
Me Patricia Lyonnaz, également avocate de parties civiles, a estimé auprès de l'AFP que "les débats ont été serrés notamment sur la notion d’intention", ajoutant que "ce ne sont pas des femmes qui réclament vengeance mais seulement justice". Elle a précisé que toutes les victimes étaient venues témoigner à l’audience.
L’avocate générale Aude Menaige, qui avait requis 18 ans de réclusion criminelle, a estimé que l’accusé avait profité de sa position de médecin pour imposer une "contrainte morale" à ses patientes. Elle a décrit "un même mode de fonctionnement, avec cette même approche du savoir médical, avec le point d'accroche de la fragilité" des victimes. Elle a conclu son réquisitoire en affirmant : "La parole des femmes est la colonne vertébrale de ce siècle. (...) Quand les femmes décrivent des choses, il faut les croire".
«Je suis innocent»
André Kahil a nié les faits tout au long de la procédure. Lors de sa dernière prise de parole devant la cour, il a déclaré : "Je n’ai jamais voulu autre chose que le bien-être de mes patientes. Je n’ai jamais pensé à autre chose que le respect total. Je suis innocent". Avant d’ajouter : "Je me battrai jusqu’au bout pour établir mon innocence et rétablir mon honneur, ma dignité, pour mes enfants, ma famille. Je me battrai jusqu’au bout pour la vérité. C’est la vérité. C’est la seule chose que je peux dire".
La défense a dénoncé un dossier "dépourvu du moindre élément de vérification", mettant en avant des "incompréhensions" ou de "mauvaises interprétations" de gestes médicaux, qui auraient pu être à l’origine des accusations.
Le gynécologue a été transféré au centre pénitentiaire d’Aiton (Savoie) et dispose d’un délai de dix jours pour faire appel de cette décision.