«Ils doivent contribuer» : Gérald Darmanin souhaite faire payer aux prisonniers des «frais d’incarcération»

Gérald Darmanin, ministre de la Justice, a annoncé lundi soir sur TF1 le rétablissement des frais d’incarcération pour les détenus, afin de financer une partie des investissements prévus dans les prisons. Cette mesure, suspendue depuis 2003, nécessitera une modification de la loi et exclura les personnes indigentes et placées en détention provisoire.
«Ils doivent contribuer» : Gérald Darmanin souhaite faire payer aux prisonniers des «frais d’incarcération»
Gérald Darmanin, le 8 juin 2024 au Palais de l’Élysée à Paris. (Antonin Albert / Shutterstock)
Par Actu17
Le mardi 29 avril 2025 à 15:24

Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a annoncé ce lundi soir sur TF1 son intention de rétablir les frais d’incarcération pour les détenus, afin de contribuer au financement des investissements massifs prévus pour le système carcéral.

"Je vais rétablir les frais d’incarcération", a annoncé Gérald Darmanin, précisant que cette mesure, suspendue en 2003, nécessitera une modification législative. Il a rappelé que "le fonctionnement de nos prisons coûte 10 millions d’euros par jour, quasiment 4 milliards d’euros par an". Le ministre a affirmé que "les détenus doivent contribuer aux frais d’incarcération", comparant ce futur dispositif au "forfait hospitalier" existant dans le secteur de la santé.

Une «participation aux frais, au service public de la justice»

Le rétablissement de ces frais ne concernera pas les personnes indigentes ni les personnes placées en détention provisoire, selon l’entourage du ministre. Gérald Darmanin a insisté sur le caractère limité de la mesure : "Il ne s’agit pas de faire payer les 4 milliards d’euros aux détenus", mais de leur demander une "participation aux frais, au service public de la justice". Le ministre a précisé : "Nous allons travailler ensemble pour que ce soit un montant qui soit symbolique, mais important pour qu’on arrête avec une sorte de laxisme qui existe dans nos prisons françaises".

Deux propositions de loi, déposées par les députés Éric Pauget et Christophe Naegelen, seront prochainement examinées à l’Assemblée nationale. Ces textes visent à instaurer un prélèvement sur les revenus des détenus tirés de leur activité professionnelle en milieu carcéral, sur leurs autres revenus, ou encore sur le produit de la vente de leur patrimoine saisi. Selon les parlementaires, une telle mesure permettrait de récupérer environ 80 millions d’euros par an, soit l’équivalent de la construction d’un nouvel établissement pénitentiaire de 250 places.

Dans un message adressé aux agents pénitentiaires et publié sur X, Gérald Darmanin a précisé que "la somme récoltée ira directement à l’amélioration de vos conditions de travail". Il a également annoncé que, "dans quelques jours, je vais avoir l’occasion d’annoncer les nouveaux sites pénitentiaires retenus pour lutter contre la surpopulation carcérale".

En parallèle, le ministre a annoncé l’élargissement de l’anonymisation des agents pénitentiaires à l’ensemble du personnel, et non plus seulement à ceux exerçant dans les prisons de haute sécurité. Cette décision intervient après une série d’actes d’intimidation coordonnés contre des surveillants, allant d’incendies de véhicules à des tirs de mortiers d’artifice et des tirs de kalachnikov sur des établissements pénitentiaires, revendiqués par un groupe se présentant sous le nom de "DDPF" (Défense des prisonniers français). Dans le cadre de l’enquête ouverte à la suite de ces actions, vingt-cinq personnes ont été interpellées ou extraites de leur cellule lundi lors d’une vaste opération menée par les forces de l’ordre sur l’ensemble du territoire.

Enfin, Gérald Darmanin a rappelé l'importance pour les détenus de continuer à travailler : "Il faut continuer le travail en prison, puis (les détenus) doivent payer ce qu’ils doivent aux victimes".