Attaques contre les prisons : 22 suspects interpellés partout en France dans un coup de filet

Vingt-deux personnes ont été interpellées ce lundi 28 avril dans plusieurs villes de France dans le cadre de l'enquête sur les attaques visant des agents pénitentiaires et des établissements carcéraux, sous l’autorité du parquet national antiterroriste (PNAT).
Attaques contre les prisons : 22 suspects interpellés partout en France dans un coup de filet
Illustration. (Victor Velter / Shutterstock)
Par La Rédaction
Le lundi 28 avril 2025 à 08:27 - MAJ lundi 28 avril 2025 à 08:45

Coup de filet ce lundi matin. Une vaste opération coordonnée par la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) et la sous-direction antiterroriste (SDAT) a permis l'interpellation de 22 personnes lundi 28 avril 2025 dans plusieurs villes de France, comme révélé par Paris Match.

Ces arrestations sont liées aux récentes attaques visant des agents pénitentiaires et des établissements carcéraux. Les interpellations ont eu lieu notamment en Seine-Saint-Denis, en Seine-et-Marne, à Bordeaux (Gironde), Lyon (Rhône) et Marseille (Bouches-du-Rhône). L’opération a été saluée par le ministre de la Justice Gérald Darmanin, qui a réagi sur le réseau social X : "Merci aux magistrats et aux forces de l’ordre d’avoir procédé tôt ce matin à l’interpellation des auteurs présumés des attaques contre les agents pénitentiaires et les prisons de notre pays. Force reste à la loi et à la République dans notre lutte implacable contre le narcotrafic".

Près de 200 enquêteurs

Les policiers du RAID, de la brigade de recherche et d'intervention nationale (BRI-Nat) et des services de police de plusieurs départements ont été mobilisés pour cette opération nationale, avec le soutien de près de 200 enquêteurs, selon le parquet national antiterroriste (PNAT), qui précise également que des "opérations de perquisitions" étaient en cours.

Le parquet national antiterroriste (PNAT) supervise l’enquête ouverte pour "participation à une association de malfaiteurs terroriste en vue de crime contre les personnes", "tentative d'assassinat sur personne dépositaire de l'autorité publique" et "dégradation ou détérioration en bande organisée du bien d'autrui par un moyen dangereux pour les personnes". Les gardes à vue peuvent durer jusqu’à 96 heures dans ce cadre.

Depuis le 13 avril, au moins 65 faits, selon le gouvernement, ou près de 90 faits, selon d’autres sources proches du dossier, ont été recensés sur l’ensemble du territoire. Ces actes sont attribués à un groupe se revendiquant sous l’acronyme "Défense des droits des prisonniers français" (DDPF), inscrit à la bombe de peinture sur plusieurs sites vandalisés.

Parmi les attaques les plus graves, la nuit du 14 au 15 avril a été marquée par des tirs à l'arme automatique contre la prison de Toulon-La Farlède (Var). En Isère, dans la nuit du 20 au 21 avril, plusieurs tirs par arme à feu et jets de cocktail Molotov ont visé "des pavillons dans un lotissement où résident plusieurs agents pénitentiaires" et "des graffitis DDPF" ont été découverts, selon le PNAT. À Villefontaine (Isère), la porte d'une maison a été incendiée et des impacts de tirs ont été relevés sur la façade.

La DZ Mafia serait à l'origine des attaques

Selon Paris Match, la plupart des interpellés seraient des "petites mains" recrutées via des messageries chiffrées comme Signal et Telegram, agissant pour le compte du gang marseillais DZ Mafia. Ces attaques seraient une riposte au durcissement des conditions carcérales imposées aux détenus liés au narcotrafic.

Mi-avril, le procureur de la République antiterroriste Olivier Christen précisait qu’il n’existait "pas de piste qui soit privilégiée" dans l’enquête, ajoutant : "Tout est possible, aucune piste n’est fermée", même s’il "n’y a pas d’élément au moment où nous parlons qui nous permettrait de penser ça". De son côté, Bruno Retailleau a évoqué "l’intime conviction, dès le départ, que ces affaires" étaient "liées au narcotrafic" et qualifiait les auteurs présumés de "narco-racailles", piste jugée "l’une des plus crédibles".

Le président de la République Emmanuel Macron a exprimé son soutien aux personnels pénitentiaires en déclarant : "Les personnes qui cherchent à intimider les agents pénitentiaires et s’attaquent avec une violence inadmissible aux prisons seront retrouvées, jugées et punies". Il a également rappelé que "notre troisième force de sécurité intérieure accomplit une mission essentielle de défense de l’État de droit et de la paix publique, avec courage et dévouement", réaffirmant son "total soutien et celui de la Nation" aux agents du ministère de la Justice.

Par ailleurs, une proposition de loi destinée à lutter contre le narcotrafic, incluant la création de quartiers de haute sécurité dans les prisons, pourrait être définitivement adoptée à la fin du mois. La prison de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais) devrait accueillir cet été une centaine de ces détenus particulièrement dangereux.