Attaques contre des prisons : ce que l’on sait des actions coordonnées menées dans plusieurs villes

Une série d’attaques visant des établissements pénitentiaires a été recensée dans plusieurs départements, dans la nuit du 14 au 15 avril. Des véhicules ont été incendiés et les auteurs ont également tiré à la Kalachnikov sur le centre pénitentiaire de Toulon (Var). Des inscriptions revendicatives ont été relevés aux abords de plusieurs prisons. Voici ce que l'on sait.
Attaques contre des prisons : ce que l’on sait des actions coordonnées menées dans plusieurs villes
Plusieurs établissements pénitentiaires ont été attaqués dans la nuit de lundi à mardi. (images FO Justice)
Par La Rédaction
Le mardi 15 avril 2025 à 12:00 - MAJ mardi 15 avril 2025 à 13:06

Plusieurs établissements pénitentiaires français ont été visés, dans la nuit du lundi 14 au mardi 15 avril, par des attaques coordonnées impliquant des tirs à l’arme automatique et des incendies criminels de véhicules. Le parquet national antiterroriste (PNAT) a annoncé qu'il se saisit de l'enquête.

Le centre pénitentiaire de Toulon-La Farlède (Var) a été la cible de tirs de Kalachnikov. Quinze impacts ont été relevés sur la porte d’entrée de l’établissement, selon le syndicat FO-Justice. Suite à ces faits, les agents pénitentiaires ont temporairement bloqué le centre ce mardi matin, assurant uniquement un service minimum avant de reprendre le travail. Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a annoncé sur X qu'il allait se rendre sur place dans l’après-midi pour exprimer son soutien au personnel.

À Aix-Luynes (Bouches-du-Rhône), deux véhicules ont été incendiés à proximité de la prison, et le portail de l’établissement a été visé. À Marseille, plusieurs voitures ont été brûlées dans le 13e arrondissement, à proximité d’un bâtiment de la protection judiciaire de la jeunesse.

Trois véhicules, dont deux appartenant à des surveillants pénitentiaires, ont également été incendiés à Villepinte (Seine-Saint-Denis), sur les parkings visiteurs et personnels. Les auteurs, masqués et habillés en noir, ont utilisé des bidons d’essence et inscrit des lettres inflammables sur le sol.

À Nanterre (Hauts-de-Seine), la voiture personnelle d’un capitaine pénitentiaire a été incendiée alors qu’elle était stationnée devant les logements du personnel. Un bidon d’essence a été saisi pour expertise, et l’inscription "DDPF" a été retrouvée sur le sol.

À Valence (Drôme), un individu se déplaçant en trottinette a mis le feu à plusieurs voitures devant le centre pénitentiaire. Des faits similaires ont été signalés à Réau (Seine-et-Marne), où des véhicules ont été incendiés.

L’École nationale de l’administration pénitentiaire, à Agen (Lot-et-Garonne), a elle aussi été visée dans la nuit du dimanche 13 au lundi 14 avril : sept véhicules y ont été incendiés sur le parking de l’établissement.

Des attaques ont également été signalées à Nîmes (Gard), selon le ministère de la Justice, bien qu'on ne connaît pas les circonstances pour l'heure.

Selon plusieurs sources proches du dossier, ces actions seraient liées à la stratégie du ministère de la Justice contre le narcobanditisme, notamment à travers la création de nouvelles prisons de haute sécurité à Vendin-le-Vieil et Condé-sur-Sarthe. Les syndicats estiment que l’administration pénitentiaire ne dispose pas des moyens humains pour sécuriser les abords des établissements 24 heures sur 24.

Un mystérieux groupuscule

Selon Paris Match, ces attaques sont revendiquées par un groupuscule se présentant sous l’acronyme "DDPF", pour "Droit des prisonniers français". À Nanterre (Hauts-de-Seine), la voiture personnelle d’un capitaine pénitentiaire a été incendiée alors qu’elle était stationnée sur un emplacement réservé au personnel, devant les logements de fonction. Deux individus arrivés en scooter ont mis le feu au véhicule, puis tracé les lettres "DDPF" au sol à l’aide de liquide inflammable avant de quitter les lieux. Un bidon d’essence a été saisi pour expertise, et un témoin a affirmé avoir entendu parler d’un "contrat" visant à "cribler de balles et incendier le véhicule" du surveillant.

À Villepinte (Seine-Saint-Denis), trois voitures ont été incendiées sur les parkings du personnel et des visiteurs. Là encore, deux individus masqués ont été filmés en train d’allumer les incendies avant de tracer les lettres "DDPF" au sol et d’y mettre le feu.

"Cette nuit, plusieurs attaques inacceptables ont visé des personnels et des biens de l’administration pénitentiaire", a réagi le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, sur X. "Je condamne fermement ces actes, et j’ai donné cette nuit instruction aux préfets, aux côtés des services de police et de gendarmerie, de renforcer sans délai la protection des agents et des établissements".