Le vendredi 27 mai 2022 à 12:44
Deux ex-maires de Lamalou-les-Bains (Hérault) ont été condamnés vendredi à un an de prison avec sursis pour "homicides" et "blessures involontaires" par le tribunal correctionnel de Béziers, huit ans après des inondations qui avaient fait quatre morts dans cette station thermale.
Les deux ex-édiles, Marcel Roques, 73 ans, maire centriste de 1983 à mars 2014, et son successeur Philippe Tailland, 73 ans également, en poste au moment du drame, ont aussi été définitivement interdits d'exercer un emploi dans la fonction publique. Ils devront verser chacun 15 000 euros à l'ensemble des parties civiles.
Dans la nuit du 17 au 18 septembre 2014, une violente crue de la rivière Bitoulet, un affluent de l'Orb, avait provoqué la mort d'un couple, ainsi que d'une femme et de sa fille qui séjournaient au camping municipal de cette station thermale des Cévennes méridionales, à 35 kilomètres au nord de Béziers et 80 kilomètres de Montpellier. Onze autres personnes avaient été blessées. Toutes les victimes résidaient au camping.
Installé en 1982, le camping municipal, qui surplombait d'environ trois mètres le cours d'eau, se trouvait en partie dans une zone inondable, tout comme une résidence et des lotissements voisins. L'eau déferlant du Mont Espinouse (1124 m) avait également provoqué de nombreux dégâts matériels.
La présidente Nadège Larochette a expliqué la condamnation de Marcel Roques pour ne pas avoir fait établir "un plan de sauvegarde" et ne pas avoir "respecté la formation des personnels prévue par les textes" et celle de Philippe Tailland, pour "ne pas avoir fait évacuer le camping".
Deux inondations en 1992 et 1996
Dans ses réquisitions, le vice-procureur David Durant avait réclamé le 1er avril deux ans avec sursis contre Marcel Roques et 18 mois avec sursis contre Philippe Tailland. "Vous avez tous les deux créé et contribué à créer le drame de septembre en n'appliquant pas les principes de précaution parce que vous ne vous étiez pas inscrit dans le temps long en matière de prévention des risques. Vous saviez que ce camping était inondable parce que deux inondations l'avaient submergés en 1992 et 1996", avait dénoncé le parquetier.
Le représentant du ministère public avait reproché à Marcel Roques de ne pas avoir modifié les statuts du camping alors qu'il connaissait sa situation pour l'avoir vécue à deux reprises et à Philippe Tailland de ne pas avoir fait évacuer l'établissement alors que le niveau de l'eau était menaçant. "A ce drame, il ne faut pas ajouter une injustice", ni chercher un "bouc émissaire", avait plaidé l'avocat de Marcel Roques, Me Frédéric Simon, expliquant qu'une condamnation de son client reviendrait à lui faire "porter le fantôme des victimes".
Plaidant également la relaxe, les défenseurs de Philippe Tailland avaient regretté qu'on lui reproche d'avoir "mal réagi" face à une situation, selon eux, "inédite" et "exceptionnelle".