Interpellé en France et réclamé par l'Ukraine, Kostiantin Jevago se dit victime d'une «affaire politique»

Interpellé fin décembre à Courchevel (Savoie), le richissime homme d'affaires et ancien député ukrainien Kostiantin Jevago a été interrogé ce jeudi par la cour d’appel de Chambéry. Visé par une demande d’extradition pour infractions financières, il a assuré qu'il était victime d'une "affaire politique" dans son pays.
Interpellé en France et réclamé par l'Ukraine, Kostiantin Jevago se dit victime d'une «affaire politique»
L'homme d'affaires ukrainien Kostiantin Jevago est escorté à sa sortie de la cour d'appel de Chambéry, le 5 janvier 2023. (AFP/Archives)
Par Actu17 avec AFP
Le jeudi 5 janvier 2023 à 18:01

Le richissime homme d'affaires ukrainien Kostiantin Jevago, remis en liberté jeudi en Savoie, avant une audience sur son éventuelle extradition pour "infractions financières", s'est dit victime d'une "affaire politique" dans son pays.

Il a été remis en liberté dans l'après-midi par la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Chambéry, sous caution préalable d'un million d'euros, ont indiqué ses avocats, Me François Zimeray et Me Étienne Arnaud. Il était détenu sous écrou extraditionnel à la maison d'arrêt d'Aiton.

La cour d'appel a renvoyé au 19 janvier l'examen de la validité de la demande d'extradition, faisant droit aux deux avocats de l'ancien député ukrainien, qui ont mis en avant une grande quantité de pièces à traduire. "C'est vraiment une affaire politique. J'ai toujours combattu les gens corrompus en Ukraine", a déclaré M. Jevago, dans des propos traduits par une interprète, à la barre de la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Chambéry. Il avait été interpelé à Courchevel.

Agé de 48 ans - il en aura 49 samedi - l'actionnaire majoritaire de la société minière Ferrexpo, cotée à Londres, s'est aussi défendu d'être un oligarque : "Ce n'est pas vrai, j'ai toujours combattu contre eux, et l'injustice. Aujourd'hui, je paye pour cela" et "je ne mérite pas cela". Affirmant avoir demandé "15 fois" une audience depuis trois ans pour s'expliquer avec la justice ukrainienne, qui lui reproche d'avoir détourné 113 millions de dollars de sa banque Finance and Credit Bank, ayant fait faillite en 2015, il a clamé sa confiance dans la "justice française et ses fondements démocratiques".

«Je ferai tout ce que vous demanderez»

Résident à Dubaï, il s'est dit prêt à retourner en Ukraine "non pas pour aller en prison, mais pour combattre les agresseurs" russes. "Je ferai tout ce que vous demanderez", en cas de remise en liberté, avait-il assuré à la présidente de la chambre, Danielle Raynaud. Ses avocats avaient fait valoir des "garanties de représentation" à l'appui de leur demande : un bail d'un an d'un appartement à Paris et une preuve de location d'un autre à Chambéry, ainsi qu'un cautionnement allant jusqu'à 1 million d'euros.

L'avocat général, Richard Pallain, s'était lui opposé à cette demande. Ces hébergements ne sont "que de circonstance", avait-il affirmé. Puis, s'adressant à la présidente après avoir évoqué les "moyens très importants" de M. Jevago et par conséquent du risque éventuel de fuite : "vous êtes garante de la possibilité qu'il soit remis aux autorités ukrainiennes".

Selon Forbes, l'homme d'affaires pèse aujourd'hui 1,3 milliard de dollars, contre 2,3 milliards l'année précédente. M. Jevago a été député de la Verkhovna Rada, le Parlement ukrainien, de 1998 à 2019, tantôt en tant qu’indépendant, tantôt dans le camp de l'ancienne Première ministre Ioulia Timochenko. Il a été battu aux législatives par un candidat du parti de Volodymyr Zelensky.