Le vendredi 27 septembre 2024 à 17:11
François Thierry, ancien chef de l'Office central de répression du trafic illicite de stupéfiants (OCRTIS), a été acquitté ce vendredi à Lyon (Rhône) à l'issue d'un procès portant sur une garde à vue fictive remontant à 2012. Le commissaire, âgé de 56 ans, était jugé pour "faux en écriture par personne dépositaire de l’autorité publique" et destruction de preuves. Il était accusé d’avoir rédigé un faux procès-verbal pour justifier l'extraction de prison de son principal indicateur, Sophiane Hambli, permettant à ce dernier de coordonner à distance une livraison de drogue.
La cour criminelle du Rhône a estimé que la mesure de garde à vue était "procéduralement irrégulière", mais a retenu l'absence d'"intention frauduleuse". Selon le président Eric Chalbos, cette décision avait été prise "en accord avec le parquet de Paris", ce qui a conduit à l'acquittement de François Thierry, malgré les réquisitions de l'avocat général qui réclamait quatre ans de prison avec sursis et une interdiction définitive d'exercer une fonction publique.
Lors du procès, l'avocat général avait vivement critiqué la gestion de l'OCRTIS par François Thierry, dénonçant une "catastrophe policière et juridique" et pointant "la mégalomanie" de l’ancien responsable. Thierry encourait quinze ans de réclusion pour ces faits, dans une affaire complexe liée aux méthodes controversées de l’OCRTIS, qu'il avait dirigé de 2010 à 2016.
Ce dossier s’inscrit dans une affaire plus vaste, actuellement instruite à Bordeaux. Elle porte notamment sur la saisie par les douanes de sept tonnes de cannabis en 2015 à Paris. Cette drogue avait été importée dans le cadre d’une livraison surveillée, organisée par l’OCRTIS avec l’aide de l'indicateur Sophiane Hambli. François Thierry est soupçonné d’avoir favorisé cette importation sans informer pleinement l’autorité judiciaire. Les juges d'instruction doivent encore se prononcer sur un éventuel non-lieu demandé par le parquet en décembre 2023.
Cette affaire a entraîné la dissolution de l’OCRTIS en 2019, remplacé par l'Office anti-stupéfiants (OFAST), marquant un tournant dans la lutte contre le trafic de drogues en France.