Le mercredi 24 mai 2023 à 12:03
L’islamologue suisse Tariq Ramadan a été acquitté des charges de viol et de "contrainte sexuelle" par le tribunal correctionnel de Genève (Suisse) ce mercredi. Le jugement souligne que le tribunal n'a pas pu "se forger une intime conviction de culpabilité au-delà du doute raisonnable".
Tariq Ramadan, une figure charismatique et controversée de l’islam européen, avait été accusé d'avoir commis un viol "à trois reprises" au cours de la nuit du 28 au 29 octobre 2008 dans un hôtel de Genève. La partie plaignante, connue sous le pseudonyme "Brigitte" pour préserver son anonymat, a contesté cette version des faits, affirmant qu'elle avait été soumise à des actes sexuels brutaux, coups et insultes, dans la chambre d'hôtel de l'islamologue.
Cependant, le tribunal n'a pas été en mesure d'établir la culpabilité de Tariq Ramadan au-delà du doute raisonnable, ce qui a entraîné son acquittement. L’État de Genève a été condamné à verser 151 000 francs suisses à M. Ramadan pour couvrir ses frais de défense. Malgré ce verdict, la partie plaignante a annoncé qu'elle allait faire appel.
Elle affirme avoir eu «peur de mourir»
Au cours du procès, les versions des deux parties se sont affrontées. Tariq Ramadan a nié tout acte sexuel, affirmant être victime d'un "piège". Il soutient que c'est "Brigitte" qui s'est invitée dans sa chambre et qu'il a mis rapidement fin à l'échange après qu'elle l'a embrassé. Une version contredite par "Brigitte", qui a déclaré lors du procès qu'elle avait eu "peur de mourir" sous les coups de l'islamologue.
La défense de Tariq Ramadan a soutenu son innocence en affirmant l'absence de preuves scientifiques. Les avocats de M. Ramadan ont accusé "Brigitte" et d'autres femmes ayant porté plainte en France contre lui d'avoir conspiré pour le faire tomber. En contrepartie, les avocats de la plaignante ont avancé que "Brigitte" avait consulté deux psychiatres dans les jours qui ont suivi la nuit incriminée, pour discuter des faits et de son état de stress.
Un procès à venir en France
Dans un autre dossier, en France, Tariq Ramadan est soupçonné de viols commis entre 2009 et 2016 sur quatre femmes. Le parquet de Paris a requis son renvoi devant une cour d'assises en juillet dernier. L'affaire française lui a valu plus de neuf mois de détention provisoire en 2018. Bien qu'il soit actuellement sous contrôle judiciaire en France, il bénéficie d'autorisations exceptionnelles pour se rendre en Suisse.