Le vendredi 6 décembre 2024 à 18:31
La Cour d’assises de l’Isère, réunie à Grenoble (Isère), a condamné ce vendredi 6 décembre Ludovic Bertin à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d’une période de sûreté de 20 ans. Âgé de 29 ans, l’homme était jugé pour le meurtre précédé d’une tentative de viol de Victorine Dartois, une étudiante de 18 ans retrouvée morte à Villefontaine (Isère) en septembre 2020.
Le corps de Victorine Dartois avait été découvert dans un ruisseau obstrué de branchages, son pantalon abandonné à proximité. L’autopsie avait révélé qu’elle avait été étranglée puis noyée. L’étudiante en BTS communication avait disparu le 26 septembre 2020 en rentrant chez elle après une après-midi de shopping avec des amies. Elle avait échangé un dernier appel avec sa famille à 18h50 avant de s’évanouir près d’un stade jouxtant une zone boisée. L’enquête avait permis l’interpellation de Ludovic Bertin vingt jours après les faits, grâce au signalement d’un proche à qui il s’était confié. Lors de sa garde à vue, l’accusé avait admis avoir étranglé la jeune femme après une dispute survenue à la suite d’une "bousculade involontaire". Selon ses propos, il aurait "paniqué" avant de tenter de dissimuler le corps.
Des déclarations contredites par les investigations
Lors des audiences, les explications de Ludovic Bertin ont été mises à mal à plusieurs reprises par les preuves matérielles. Les vidéosurveillances ont notamment contredit sa version, selon laquelle il aurait croisé Victorine par hasard. "Au vu des horaires, vous êtes devant Victorine et donc il n’y a pas de bousculade", avait souligné la présidente de la cour.
L’accusé, qui niait toute intention sexuelle, avait été renvoyé pour tentative de viol, la justice estimant qu’il avait retiré le pantalon de Victorine avant d’être interrompu par l’arrivée d’un tiers. Pendant le procès, Ludovic Bertin a reconnu avoir agi de manière impulsive. "J’ai bousculé Victorine, elle m’a mal parlé et j’ai mal réagi", a-t-il déclaré, ajoutant : "Je regrette beaucoup mon geste. J’ai conscience d’avoir commis l’irréparable, je suis le seul responsable". Le verdict a été prononcé après huit heures de délibéré. Outre la peine de réclusion criminelle, Ludovic Bertin a été condamné à une interdiction de porter une arme pendant 15 ans, à une inéligibilité de dix ans, et à une inscription au Fichier des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes (FIJAIS). L'homme avait déjà été "condamné à une dizaine de reprises par le passé pour des délits de droit commun", avait précisé le procureur de la République adjoint, au moment de sa mise en examen.
Un «scénario soigneusement calculé»
La mère de Victorine, Sylvie Dartois, a exprimé sa déception face au procès. "Depuis le début, c’est creux, en fait. Il n’y a aucune once de regret", a-t-elle déclaré à la presse, qualifiant Ludovic Bertin de "menteur". L’avocate générale, Françoise Benezech, avait insisté sur la gravité des faits, décrivant l’accusé comme un "prédateur" ayant agi selon un "scénario soigneusement calculé".
La disparition et le meurtre de Victorine avaient profondément ému la France. Près de 6000 personnes avaient participé à une marche blanche en son honneur à Villefontaine, et plus d’un millier avaient assisté à ses funérailles à Bourgoin-Jallieu. Lors du procès, les souffrances de la famille Dartois ont été longuement évoquées. "Cette famille est brisée, chacun vit sa douleur différemment", a souligné leur avocate, Me Kelly Monteiro. Selon elle, la mère de Victorine se rend chaque jour sur la tombe de sa fille, incapable de surmonter cette perte.