Le jeudi 5 juin 2025 à 15:28 - MAJ jeudi 5 juin 2025 à 22:58
Mise à jour 19h40 : Christophe B. a été mis en examen des chefs d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste et commis en raison de la race, de l’ethnie, la nation ou la religion et de tentative d’assassinats en relation avec une entreprise terroriste et commis en raison de la race, de l’ethnie, la nation ou la religion, annonce le parquet national antiterroriste (PNAT). Le suspect a été placé en détention provisoire conformément aux réquisitions du PNAT.
Article initial : Une information judiciaire a été ouverte ce jeudi 5 juin 2025 par le parquet national antiterroriste (PNAT), à la suite de l’attaque perpétrée le 31 mai à Puget-sur-Argens (Var), au cours de laquelle un homme a été tué et un autre blessé. Le suspect, Christophe B., 53 ans, a été déféré en vue de sa mise en examen. Il a reconnu les faits durant sa garde à vue mais "conteste toute motivation raciste à ses actes".
Le PNAT précise que cette information judiciaire est ouverte des chefs "d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste, en raison de la race, de l’ethnie, la nation ou la religion", de "tentative d’assassinats en relation avec une entreprise terroriste, en raison de la race, de l’ethnie, la nation ou la religion" et "d’association de malfaiteurs terroriste en vue de la préparation d’un ou plusieurs crimes d’atteinte aux personnes visés au 1° de l'article 421-1 du code pénal".
Les faits se sont produits dans la soirée du 31 mai. Selon les éléments établis par les enquêteurs de la Compagnie de gendarmerie de Draguignan, de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), de la sous-direction antiterroriste (SDAT) de la DNPJ et des directions de la police judiciaire, Christophe B., âgé de 53 ans, marié, sans enfant et sans emploi, "passait la journée avec sa femme et un couple d’amis", au cours de laquelle une consommation d’alcool était relevée. Une fois rentré à leur domicile, "son mari présentait un état d’énervement important. Il sortait des armes qu’il possédait et tirait, une première fois, à l’intérieur du domicile sans viser personne".
Le suspect a ouvert le feu à de nombreuses reprises
Il prenait ensuite le volant de son véhicule, un Nissan Navara, et croisait un voisin, Hichem Miraoui, qu’il abattait "en tirant dans sa direction à plusieurs reprises, en étant, selon ses déclarations, resté dans son véhicule". Peu après, les images de vidéosurveillance montrent Christophe B. circulant dans la résidence, s’arrêtant devant un second logement à 22h26, et "faisant feu à plusieurs reprises en direction de la baie vitrée, puis quittait les lieux". À 22h30, alors que deux occupants sortaient de ce logement, "Christophe B. revenait à leur hauteur. Sans quitter son véhicule, il tirait alors à deux reprises en leur direction, blessant l’un d’entre eux à la main, avant de prendre la fuite".
Avant les faits, Christophe B. avait publié une vidéo sur Facebook dans laquelle il appelait : "[..] Français [..] réveillez-vous, allez les chercher là où ils sont", faisait "allégeance au bleu blanc rouge" et annonçait vouloir "dire stop aux islamiques", évoquant "un petit carton déjà rien qu’en sortant de chez [lui], tous les sans-papier". D’après le PNAT, il s’agissait de propos "de nature à encourager son auditoire à d’autres passages à l’acte violents".
Entre 22h30 et 5 heures du matin, quatre autres vidéos étaient diffusées, dans lesquelles il dénonçait un État "pas capable de nous protéger, de les renvoyer chez eux", affirmait "avoir dégommé les 2-3 merdes qui étaient près de chez [lui]" et annonçait que cela "ne [s’agissait] que d’un début". Il y saluait sa femme et ses proches, laissant présager une fin imminente.
Deux armes de poing, deux armes d'épaule et des munitions dans sa voiture
Il a finalement été interpellé à 5h10 à un barrage de la gendarmerie, à Puget-sur-Argens, par les militaires de la Brigade territoriale autonome (BTA), de la Brigade de recherches (BR) et du Peloton de surveillance et d’untervention de la gendarmerie (PSIG) de Draguignan, ainsi que de l’antenne du GIGN d’Orange. Son taux d’alcoolémie mesuré au moment de l’interpellation s’élevait à 0,08 mg par litre d’air expiré. Dans son véhicule, les gendarmes ont retrouvé deux armes de poing semi-automatiques, deux armes d’épaule, quatre chargeurs garnis et plus de 1 000 munitions. Un cinquième chargeur était retrouvé sur lui. À son domicile, les enquêteurs ont également saisi une carabine, un pistolet équipé d’un silencieux, des munitions et des étuis.
Tireur sportif, Christophe B. possédait légalement les six armes saisies. L’examen psychiatrique effectué pendant sa garde à vue n’a révélé "aucune pathologie ou anomalie mentale". Une première analyse de ses réseaux sociaux a mis en évidence "de très nombreuses publications portant notamment sur le terrorisme, les étrangers, l’islam, l’ultra-droite ou ciblant les instances gouvernementales françaises".
S’il reconnaît les faits, Christophe B. "conteste toute motivation raciste à ses actes, ainsi que toute intention terroriste".
Hichem Miraoui, né en 1979 en Tunisie, a succombé à des blessures causées par plusieurs balles au thorax. Une seconde victime, un homme né en 1990 en Turquie, a été blessée à la main et bénéficie de 10 jours d’incapacité totale de travail. D’autres voisins, exposés aux tirs, sont fortement choqués. L’association locale AAVIV a été saisie pour leur porter assistance.
Horrifiée par le meurtre d’Hichem Miraoui, coiffeur de 46 ans, assassiné en raison de ses origines tunisiennes. Le racisme est un poison contre la Nation.
Je salue la saisine du parquet national antiterroriste face à ce crime abject.
Que la justice passe, qu’elle soit prompte… pic.twitter.com/bURrptyQPU— Astrid Panosyan-Bouvet (@AstridPanosyan) June 4, 2025
Christophe B. a été déféré ce jeudi au tribunal. Le PNAT a requis sa mise en examen et son placement en détention provisoire. L’enquête se poursuit désormais sous l’autorité d’un juge d’instruction.