Le jeudi 4 juillet 2024 à 18:22
Corinne M., opératrice du SAMU, a été reconnue coupable ce jeudi de non-assistance à personne en danger et condamnée à 12 mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Strasbourg (Bas-Rhin). Cette condamnation dépasse les réquisitions du parquet, qui avait réclamé 10 mois avec sursis. Corinne M. devra également verser 15 000 euros à la famille de Naomi Musenga pour les frais d'avocats et dispose de dix jours pour faire appel.
Le 29 décembre 2017, Naomi Musenga, âgée de 22 ans, avait appelé le SAMU en se plaignant de vives douleurs abdominales. "J’ai très mal au ventre", "Je vais mourir…", avait-elle déclaré difficilement au téléphone. La régulatrice lui avait répondu de manière sarcastique : "Oui vous allez mourir, certainement un jour comme tout le monde", et avait ajouté : "Je ne peux pas vous aider parce que je ne sais pas ce que vous avez".
«Cette phrase fait froid dans le dos»
Lors de l’audience, la procureure de la République, Agnès Robine, a exprimé son indignation : "Cette phrase fait froid dans le dos", rappelant que "c'était l’essence même de sa mission que de poser les questions aux appelants". Elle a également déploré le "comportement moralement et humainement inadapté" de l'opératrice, soulignant les "graves négligences" commises. Jean-Christophe Coubris, avocat de la famille de Naomi, a également pris la parole : "Une bande sonore comme celle-ci, j’ose espérer que de ma vie je n’en entendrai jamais plus". Il a critiqué la régulatrice pour ne pas avoir rempli sa mission et pour chercher des excuses plutôt que d'assumer ses responsabilités.
Thomas Callen, avocat de Corinne M., a plaidé que l’infraction n'était "pas caractérisée", arguant que sa cliente n’avait pas conscience que Naomi Musenga était en danger de mort, malgré son "manque d’empathie" et son "défaut d’humanité".
En ouverture des débats, Corinne M. a présenté des excuses à la famille de Naomi, des excuses que la mère de la victime a acceptées avec bienveillance, déclarant : "Nous avons besoin de panser nos blessures pour poursuivre notre route".
Son décès pas directement lié au retard de prise en charge
Naomi Musenga est décédée le 29 décembre 2017 à l’hôpital de Strasbourg après une prise en charge retardée de près de deux heures et vingt minutes. Un rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS) avait précédemment souligné la prise en charge non conforme de Naomi Musenga, bien que l’enquête ait conclu que son décès n'était pas directement lié au retard et les poursuites pour homicide involontaire aient été abandonnées.