Le jeudi 1 février 2024 à 12:41
Un adolescent, âgé de 13 ans au moment des faits, a été condamné jeudi dernier à cinq ans de prison, dont un avec sursis, pour avoir tué son père d'une balle dans la tête en 2021 à Nancy (Meurthe-et-Moselle), dans un contexte familial marqué par les violences conjugales. Le procès, qui s'est achevé à huis clos, a vu le placement de l'adolescent sous mandat de dépôt, comme l'a indiqué le procureur de la République de Nancy, François Capin-Dulhoste, confirmant une information de L'Est Républicain.
C'est dans la nuit du 6 au 7 octobre 2021 que Fadil, un homme de 32 ans d'origine kossovare, a été retrouvé affaissé sur une chaise dans la cuisine du domicile familial, une plaie par balle à la tempe droite. Sa femme, Svetlana, avait alerté les secours. La victime était décédée quelques heures plus tard. Selon la mère de famille, leur fils Arben, alors âgé de 13 ans, a tiré sur son père après être descendu avec une arme, alors qu'une altercation marquée par l'alcool et la violence avait éclaté. Fadil, qui avait un taux d'alcoolémie de 2,27 grammes par litre de sang au moment des faits, était décrit comme souvent alcoolisé et violent envers sa famille.
«Si je lui tire dans l’épaule ou dans le pied, il va me tuer»
Arben, accompagné de son frère, s'était rendu à la police le lendemain des faits, après une nuit passée chez une grand-mère. L'arme du crime, une pièce de collection non létale dont les munitions avaient été modifiées, a été retrouvée sur leurs indications. En garde à vue, l'adolescent a décrit un climat familial toxique, marqué par les abus d'alcool de son père et les violences physiques régulières envers les membres de sa famille. "Il nous mettait des patates, des tartes, des coups de câble. Il me frappait mon frère et moi mais le pire, c’est quand il frappait ma mère", a-t-il déclaré, selon le quotidien régional. L'adolescent a admis avoir visé la tête de son père, estimant qu'une blessure moins grave ne l'aurait pas arrêté. "Si je lui tire dans l’épaule ou dans le pied, il va me tuer", a également déclaré Arben.
Pourtant, devant le juge, Arben a modifié sa version, affirmant n'avoir pas eu l'intention de tuer son père mais plutôt de lui "faire peur", pour protéger sa mère. Une déclaration qui est intervenue dans un contexte où le juge en charge de l'affaire avait déjà souligné l'intention homicide, notamment à travers le choix de viser la tête.
La procureure avait requis sept ans de prison
La procureure de la République avait requis sept ans de réclusion, mais la décision du tribunal a donc été plus légère, et inclut une obligation de soins, de placement et de travail. Arben, qui avait fugué de son centre éducatif fermé (CEF) plusieurs mois avant le procès, s'est présenté mercredi matin au tribunal pour enfants, permettant à la justice de conclure ce douloureux chapitre.