Nord : 14 mois de prison requis contre l’élève policier ivre au volant qui a fauché cinq personnes

Un élève policier a été jugé à Lille ce mardi pour avoir fauché cinq personnes devant un bar, à Wasquehal (Nord), alors qu'il était au volant en état d’ivresse. Le parquet a requis 14 mois de prison, dont 8 avec sursis. Le délibéré est prévu le 20 mars.
Nord : 14 mois de prison requis contre l’élève policier ivre au volant qui a fauché cinq personnes
Un élève gardien de la paix au volant d'une Volkswagen Golf a foncé sur les clients du High Bar, à Wasquehal. (capture écran vidéo / DR)
Par Actu17
Le mercredi 5 mars 2025 à 11:52

Un élève gardien de la paix de l'école nationale de police (ENP) de Roubaix a comparu ce mardi devant le tribunal judiciaire de Lille pour avoir percuté cinq personnes alors qu'il était au volant d'une voiture, en état d’ivresse, le 13 février dernier, devant un bar de Wasquehal (Nord). Le parquet a requis quatorze mois de prison, dont huit avec sursis probatoire. Le jugement sera rendu le 20 mars.

Les faits se sont produits peu avant minuit, à la sortie du High Bar, un établissement où T.C., alors âgé de 23 ans, avait passé la soirée avec d’autres élèves policiers. Les images de vidéosurveillance, projetées à l’audience, montrent la Golf blanche conduite par le prévenu faucher brutalement plusieurs clients attablés en terrasse. "Une scène de chaos", a résumé Me Marie-Hélène Mandon, avocate d’une des victimes, citée par La Voix du Nord.

2,5 grammes d’alcool dans le sang

T.C., également sapeur-pompier volontaire, était censé être "Sam" ce soir-là, mais a consommé de l’alcool dès son arrivée. À 20h10, il boit une première bière, puis continue à boire durant la soirée. Lorsqu’il prend le volant vers 23h30, son alcoolémie atteint alors 2,5 grammes par litre de sang, soit cinq fois la limite autorisée. "Ce n’était pas responsable de ma part, je n’ai pas d’excuse", a-t-il admis face à la présidente du tribunal.

Le prévenu a décrit les circonstances de l’accident, expliquant qu’il avait voulu éviter une voiture stationnée sur le bas-côté. "J’ai pris un virage large. Dans la manœuvre, j’ai donné un coup de volant, mon véhicule est parti en diagonale. Ça a été tellement vite. J’ai essayé de freiner". Il a également reconnu que son ébriété avait pu "jouer un rôle" dans l’accident, mais a assuré qu’il se sentait "apte à conduire" au moment de démarrer.

Des victimes marquées physiquement et psychologiquement

Dans la salle d’audience, plusieurs victimes sont présentes, certaines encore lourdement blessées. Deux d’entre elles se déplacent avec des béquilles, une autre porte un corset. Une quatrième, agent de sécurité du bar, est absente, incapable de se déplacer. "Je ne peux plus aller travailler, je ne peux plus m’occuper de mes enfants comme avant", a témoigné l’une d’elles, la voix tremblante, citée par l'AFP.

Les certificats médicaux font état de durées d’interruption totale de travail (ITT) allant de quatre jours à six semaines. "J’ai réalisé ce soir-là que la vie ne tient qu’à un fil", a confié une autre victime.

Une carrière brisée

Suspendu depuis l’accident, T.C. a déclaré qu’il renonçait à intégrer la police après ces faits. "Je ne me vois pas faire la morale à quelqu’un lors d’une intervention alors que j’ai fauté de mon côté". Pour le parquet, la gravité des faits est indéniable. La vice-procureure Anne-Laure Le Galloudec a dénoncé un comportement irresponsable : "Il a pensé à lui en montant dans cette voiture et non aux risques qu’il faisait peser sur les autres (…). Il a eu de la chance de n’avoir tué personne". La magistrate a aussi souligné que le prévenu n’avait aucun antécédent judiciaire et qu’il avait respecté son contrôle judiciaire.

Le ministère public a requis quatorze mois de prison, dont huit assortis d’un sursis probatoire de deux ans, ainsi que l’annulation de son permis de conduire.