Le mercredi 30 octobre 2024 à 11:05
Trente et vingt-quatre mois de prison avec sursis ont été requis contre Maxime D. et Matthieu D., deux policiers accusés de violence aggravée à l'encontre d'un homme en garde à vue en juillet dernier. Le ministère public a également réclamé une interdiction définitive d'exercer dans la police nationale pour les deux prévenus, âgés de 25 et 32 ans. Le jugement est attendu pour le 15 janvier.
Les deux policiers, déjà suspendus, sont poursuivis pour "violence aggravée par deux circonstances suivie d'incapacité supérieure à huit jours". Les faits se sont déroulés dans la nuit du 24 au 25 juillet lorsque Mario, 42 ans, de nationalité péruvienne, a été interpellé pour outrage. Placé en garde à vue au commissariat des Ve et VIe arrondissements de Paris, Mario, sous l'empire de l'alcool, a refusé d’enlever un collier. Les images de vidéosurveillance, visionnées durant l’audience, montrent alors Maxime D. en train de lui appliquer une clé de bras. "Il m’a insulté, je lui ai mis une claque", a admis Maxime D. devant le tribunal. La scène s'est ensuite poursuivie dans la salle de fouille, non équipée de caméras, où Mario accuse le policier de l'avoir frappé "à au moins six reprises avec sa matraque". Mario présentait une fracture à l’avant-bras.
À la barre, Maxime D. a reconnu les coups portés et a tenté une justification en affirmant que le gardé à vue "a tenté de me mettre un coup de boule". Mario nie toute forme de violence envers le policier. Absent à l’audience pour des raisons de "fragilité psychologique", d'après son avocate Juliette Chapelle, Mario a inscrit le message "à l’aide" sur les murs de sa cellule avec son propre sang.
«Cela ne justifie en rien mon comportement»
Durant cette même nuit, Matthieu D., le second policier, est intervenu à son tour en assénant à Mario "neuf gifles" et "deux coups de pied". Matthieu D. a expliqué en audience : "Il m’insulte, je perds mon sang-froid. Cela ne justifie en rien mon comportement". La voix tremblante, il a présenté ses excuses pour avoir "jeté l’opprobre sur l’institution". Le tribunal a relevé que ce policier faisait déjà l’objet de signalements internes pour son "impulsivité". Les enregistrements montrent d’autres collègues présents, observant les actes sans intervenir. Le président Alain Alçufrom s’est étonné de cette absence de réaction : "Comme s’il ne se passait rien".
Pour sa défense, Maxime D. a également porté plainte contre Mario pour violences supposées, mais a reconnu à l’audience avoir agi pour se "couvrir". Deux autres policiers présents cette nuit-là avaient initialement soutenu cette version avant de se rétracter. L'un d'entre eux a été condamné en septembre à six mois de prison avec sursis pour dénonciation calomnieuse. Le second, Clément B., chef de poste lors des faits, comparaissait également mardi. Le parquet a requis un an d’emprisonnement avec sursis et six mois d'interdiction d'exercer pour dénonciation calomnieuse et non-assistance à personne en danger.
Un autre jugement en mars prochain pour les deux policiers
Maxime D. était en outre jugé pour un autre incident survenu en juin 2022, où il est accusé d'avoir aspergé une femme de gaz lacrymogène sans justification. Par ailleurs, Maxime D. et Clément B. feront face à une nouvelle audience le 20 mars 2025, pour des faits de violences en réunion en mai dernier. Ils sont accusés d'avoir porté des coups à deux hommes devant un pub, les laissant inconscients, comme révélé par Libération.