Le jeudi 25 janvier 2024 à 12:37 - MAJ jeudi 25 janvier 2024 à 13:20
Un policier de 31 ans qui avait été enregistré alors qu'il insultait une plaignante de "grosse pute" à Paris, après avoir mal raccroché son téléphone, en 2022, a été relaxé par le tribunal de police de Paris ce jeudi. Le parquet avait demandé la relaxe ou une dispense de peine pour le prévenu, en décembre dernier, lors du procès.
"L'institution judiciaire continue à protéger les policiers. Ma cliente souhaite faire appel pour faire changer les mœurs judiciaires", a réagi l'avocat de la plaignante, Me Arié Alimi, à l'AFP.
En février 2022, la victime avait déposé plainte pour "agression sexuelle en état d'ivresse" dans un commissariat parisien. Suite à cela, le policier qui est officier de police judiciaire (OPJ), lui avait laissé un message vocal pour qu'elle vienne compléter sa plainte. Croyant avoir raccroché, l'officier s'est plaint de l'affaire avant de lâcher : "C'est vraiment une pute. (...) Putain, elle refuse la confront' (la confrontation, ndlr) en plus la pute. Comme par hasard. En fait c'était juste pour lui casser les couilles, je suis sûr. (...) Putain, grosse pute". Des propos entendus par la victime.
Durant l'audience, le policier a assuré que ses propos étaient destinés à ses collègues, ce qui aurait constitué une "injure non publique en raison du sexe", ou bien qu'il se parlait à lui-même, "comme lorsqu’on s’énerve contre un cycliste en voiture". Le parquet avait suggéré que, dans le premier cas, le policier devait être condamné mais dispensé de peine, étant donné son parcours exemplaire, et que, dans le second cas, il devait être relaxé.
«J’ai dû supplier le ministre de ne pas me révoquer»
Suspendu pendant plus de quatre mois, le policier a finalement été sanctionné d’une mutation professionnelle. En juin 2023, il a également écopé d'une interdiction de contact avec les victimes et les mis en cause dans le cadre d'enquête pour agression sexuelle. A l’audience, il s’était dit "vraiment désolé que la victime ait entendu ces malheureux propos". "J’ai dû supplier le ministre de ne pas me révoquer", a-t-il ajouté.
Lorsque l'affaire a éclaté, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, avait déclaré que le policier n'avait "plus sa place" dans la profession et avait assuré qu'il "ne serait pas réintégré dans la police".