Le vendredi 25 mars 2022 à 20:12
Un gérant de bars a été condamné vendredi à Paris à dix ans de réclusion criminelle pour avoir violé quatre jeunes femmes et en avoir agressée sexuellement deux autres, des faits qu'il avait fini par reconnaître au quatrième jour de son procès. Cette condamnation, après près de sept heures de délibéré, est légèrement en-deçà des réquisitions de l'avocat général, qui avait demandé onze années de réclusion.
Debout dans le box, masque chirurgical sur le visage, les mains jointes devant lui, Wilfried Nkongo, 41 ans, a écouté silencieusement la présidente Dominique Legrand exposer les motivations de la cour d'assises. La cour "a tenu compte du nombre de victimes, du lien que vous aviez avec elles, vous étiez pour certaines leur patron, vous aviez dix ans de plus", a déclaré Mme Legrand. Ces femmes, "vous les avez niées", elles "étaient devenues vos objets", a-t-elle souligné.
Les magistrats et les jurés ont également pris en compte les aveux de Wilfried Nkongo à l'audience, formulés devant sa famille et ses amis. La cour a encore retenu "le contexte général" : "l'alcool en excès" et les "stupéfiants" dans l'un des établissements parisiens que l'accusé gérait, et dans lequel quatre des infractions ont été commises, et le fait qu'il ait commis le dernier viol, en juillet 2018, alors qu'il était sous contrôle judiciaire.
Serrées sur un banc, cinq des six victimes ont quitté la salle après le délibéré. Dans ses derniers mots à la cour vendredi matin, Wilfried Nkongo avait renouvelé ses "excuses" aux parties civiles et remercié leurs avocats d'avoir "respecté (sa) dignité". "Ça m'a permis moi aussi de pouvoir libérer ma parole", a-t-il affirmé. S'adressant également aux victimes, son avocat Pierre-Louis Rouyer a salué leur "force", leur "courage" et leur "dignité renversante".
Un viol durant sous contrôle judiciaire
L'affaire avait débuté le 28 mai 2017. Une jeune femme, serveuse dans l'un des établissements de Wilfried Nkongo, devenu un haut lieu de la nuit parisienne, porte plainte après avoir été pénétrée pendant qu'elle dormait quelques heures plus tôt, "ivre morte" après une soirée dans le bar. Sa dénonciation avait libéré la parole de deux ex-employées de Wilfried Nkongo, surnommé "Fabio", et d'une ancienne cliente, dénonçant pour l'une un viol en février 2016 et pour deux autres des agressions sexuelles entre 2016 et mars 2017, dans le même établissement.
Wilfried Nkongo a également été reconnu coupable d'avoir violé une jeune femme en juillet 2018 dans sa maison du Var où il était sous contrôle judiciaire, et une de ses amies de longue date, début 2017 à Paris, qui avait porté plainte après la révélation de ce nouveau fait.