Le lundi 21 mars 2022 à 11:43
Le procès d'un gérant de bars, jugé pour quatre viols et deux agressions sexuelles entre 2016 et 2018, s'est ouvert lundi matin devant la cour d'assises de Paris. Wilfried Nkongo, 41 ans, pull noir et crâne rasé, masque chirurgical sur le visage, comparaît détenu jusqu'à vendredi. Il conteste fermement les accusations, selon sa défense.
L'affaire débute le 28 mai 2017, quelques mois avant que le mouvement #MeToo ne produise sa déflagration. Une jeune femme, serveuse dans l'un des établissements de nuit gérés par l'accusé, vient dénoncer un viol subi quelques heures plus tôt. Aux policiers, elle explique avoir fêté l'anniversaire d'une amie dans le bar où elle travaille pour "Fabio" et bu de grandes quantités d'alcool sans avoir mangé. Elle se souvient s'être retrouvée chancelante dans la cour derrière l'établissement avec son patron, qu'il l'a conduite dans son bureau, l'a allongée sur un canapé-lit. Selon ses déclarations, elle se réveille alors qu'il est en train de la pénétrer.
Sa plainte libère la parole d'autres jeunes femmes se disant victimes des agissements du gérant de bars. Durant l'enquête, des témoins l'ont dépeint en "prédateur sexuel", offrant régulièrement cocaïne et ecstasy à ses jeunes serveuses ou clientes dans la cuisine du bar pour qu'elles ne soient plus "en état de lui résister". D'autres employés notent le "comportement lourd" du mis en cause à l'égard des femmes, mais disent n'avoir jamais constaté de baisers forcés ou d'attouchements.
Il évoque une «entente» entre les plaignantes
Confronté à ses accusatrices, Wilfried Nkongo maintient ses dénégations, arguant d'une possible "entente" entre les plaignantes. Il a été mis en examen en juillet 2017. Il est accusé d'avoir commis un autre viol, en juillet 2018, alors qu'il était sous contrôle judiciaire. La plaignante avait immédiatement révélé les faits, affirmant que Wilfried Nkongo l'avait pénétrée alors qu'elle dormait.
Un an plus tard, une sixième jeune femme, amie de longue date de Wilfried Nkongo, dénonçait elle aussi un viol début 2017 à Paris. Elle expliquait avoir été jusque-là dans un "déni total", éprouvant "honte" et "culpabilité", et avoir eu des difficultés à parler en raison de l'emprise de celui qu'elle considérait comme son confident. Cinq des six jeunes femmes s'étant constituées parties civiles étaient présentes lundi à l'ouverture des débats.