Procès du meurtre de Vanesa Campos : le tireur présumé clame son innocence

Huit accusés sont jugés depuis le 11 janvier dernier devant la cour d'assises de Paris pour le meurtre d'une travailleuse du sexe transgenre, Vanesa Campos. Mahmoud Kadri, accusé d'avoir tué par balle la victime, nie les faits.
Procès du meurtre de Vanesa Campos : le tireur présumé clame son innocence
Des fleurs et des bougies à la mémoire de Vanesa Campos, travailleuse du sexe tuée au Bois de Boulogne, le 24 août 2018 à Paris. (Lionel Bonaventure / AFP)
Par Actu17
Le samedi 22 janvier 2022 à 01:55 - MAJ mardi 8 février 2022 à 18:33

"Je ne l'ai pas tuée" : au procès du meurtre en 2018 au bois de Boulogne de Vanesa Campos, travailleuse du sexe transgenre sans-papier, l'homme désigné par ses coaccusés comme l'auteur du tir mortel a clamé vendredi son innocence, avec des explications confuses.

Des huit hommes d'origine égyptienne jugés depuis le 11 janvier devant la cour d'assises de Paris, Mahmoud Kadri est celui qui est resté le plus discret et calme, quand d'autres ont multiplié invectives et ricanements. Lors de son interrogatoire, les premiers mots de l'accusé de 24 ans, chemise sombre à pois, cheveux noirs coiffés avec du gel, sont d'ailleurs pour ses voisins de box : "ça ne fait pas rire. On est là pour des faits graves".

"Je précise que je n'ai pas tué"Vanesa Campos, ajoute par l'intermédiaire d'un interprète en langue arabe Mahmoud Kadri, avant de dérouler son récit de la nuit du 16 au 17 août 2018. Il reconnaît d'abord, pour la première fois, avoir participé une semaine plus tôt au vol de l'arme du crime, dérobée dans la voiture d'un policier alors qu'il se trouvait avec une prostituée.

Le but de l'expédition qui l'a mené ce soir-là au bois de Boulogne avec une quinzaine de jeunes hommes ? Il s'agissait, dit-il, de "faire peur" en "nombre" aux protecteurs qu'avaient engagé des collègues de travail de Vanesa Campos, victimes depuis plusieurs années d'une bande de voleurs égyptiens.

"Je suis le bouc émissaire dans cette histoire !"

Les circonstances exactes du décès de Vanesa Campos, Péruvienne transgenre de 36 ans, restent floues après dix jours d'audience chaotiques, où les versions de chacun ont énormément fluctué. Les coaccusés de Mahmoud Kadri l'ont cependant tous désigné comme le tireur, affirmant l'avoir vu ou "entendu dire" qu'il avait commis ce crime. "Ils se sont tous mis d'accord, je suis le bouc émissaire dans cette histoire !", s'emporte Mahmoud Kadri, qui accuse l'homme situé à l'autre extrémité du box, Karim Ibrahim, 29 ans, également jugé pour "meurtre en bande organisée".

"Pourquoi vous" et pas un autre, cherche à comprendre la présidente, Caroline Jadis-Pomeau. "J'étais le dernier arrivé" dans la bande, "ils se connaissaient tous", explique Mahmoud Kadri. Karim Ibrahim était "le chef des voleurs", ils se seraient mis "en danger" en le nommant, tente-t-il ensuite.

"Ce sont vos réponses"

Il précise qu'il était parti peu après les faits en Allemagne, pour "fuir Karim (Ibrahim), pas la police". Ses déclarations sur le déroulement des faits laissent la cour encore plus dubitative. La nuit du crime, le groupe se retrouve près d'un pavillon au bois de Boulogne. Des armes sont distribuées, dont des couteaux, un taser, des branches arrachées aux arbres pour en faire des bâtons. Le pistolet volé au policier se retrouve dans les mains de Mahmoud Kadri : "Karim (Ibrahim) m'a demandé de le garder" en précisant qu'il était "factice", assure-t-il.

"Vous avez un chargeur avec des balles et vous dites toujours que c'est un pistolet factice ?", s'étrangle la présidente. "Je ne suis pas un expert en balistique", répète Mahmoud Kadri. "Moi non plus, je ne suis pas experte, mais bon... ce sont vos réponses", coupe la magistrate.

Mahmoud Kadri a également déclaré s'être tenu loin de la scène de crime, faisant le guet depuis la route. Après avoir pris la "tête" de l'expédition, Karim Ibrahim aurait, affirme-t-il, fait demi-tour pour récupérer l'arme et "tirer" sur Vanesa Campos. "Il y a quelque chose que je ne comprends pas. Pourquoi il vous donne l'arme pour la reprendre quelques minutes plus tard ?", l'interroge la présidente. "Je pense qu'il a changé d'avis sur l'arme parce qu'il a perdu sa matraque à un moment donné", répond Mahmoud Kadri.

Verdict ce jeudi

Il aurait ensuite caché l'arme avec Karim Ibrahim, "sous la contrainte", dit-il. Le pistolet avait été retrouvé sur les indications de Mahmoud Kadri, "fou de joie" lors de cette découverte, qui n'a pas permis de déceler une quelconque trace ADN.

"J'étais certain que les expertises allaient trouver les empreintes de Karim Ibrahim, que la vérité allait sortir", lance Mahmoud Kadri, après plus de cinq heures d'un interrogatoire tendu. Verdict prévu le 27 janvier.