Supporter corse éborgné : le policer «conteste les faits» devant les assises

Un homme a perdu l'usage d'un œil après avoir été frappé au visage par un policier, après un match de Ligue 1 opposant Reims et Bastia, en février 2016. Le procès du policier s'est ouvert ce mardi.
Supporter corse éborgné : le policer «conteste les faits» devant les assises
Illustration. (Franck Fife / AFP)
Par Actu17 avec AFP
Le mardi 4 octobre 2022 à 10:09 - MAJ mardi 4 octobre 2022 à 12:51

"Je conteste les faits" : le policier accusé d'avoir éborgné un supporter bastiais lors d'échauffourées après un match de Ligue 1 à Reims a maintenu mardi, à l'ouverture de son procès devant les assises, la version selon laquelle il n'a fait qu'obéir aux ordres.

A une question de la présidente lui demandant s'il s'en tenait à sa position "évoquée dans la procédure", il a répondu d'un simple "oui", d'une voix calme, sans s'étendre davantage.

Le policier, 50 ans, avait reconnu pendant l'enquête que la blessure de la victime, Maxime Beux, avait été causée par un coup de matraque. Mais il avait affirmé avoir agi "en exécution d'un ordre" et de manière "proportionnée". Chargé de patrouiller en centre-ville, il devait "interpeller les personnes troublant l'ordre public".

Jugé pour "violences avec usage ou menace d'une arme suivies de mutilation ou infirmité permanente", l'accusé, qui a confirmé à la barre être toujours policier, encourt 15 ans de réclusion criminelle.

Juste avant l'audience, la victime, Maxime Beux, a affirmé qu'il se sentait "très mal, très angoissé". C'est "une épreuve de devoir me replonger et de revivre ce moment", a-t-il confié, en chemise blanche, derrière des lunettes légèrement teintées. "Ce que j’ai perdu ce soir-là, je ne le retrouverai pas", a-t-il ajouté, se disant cependant "satisfait" que l'affaire soit "arrivée jusqu’aux assises". Il attend une "condamnation pénale de celui qui est responsable".

Les faits remontent au 13 février 2016, à l'issue du match remporté par le SC Bastia, quand des supporters corses rejoignent le centre-ville, où des heurts éclatent avec les policiers.

Parmi les Bastiais, Maxime Beux, 22 ans à l'époque, donne un coup de pied dans la voiture du policier mis en cause. Celui-ci, alors membre de la BAC (brigade anti-criminalité) rémoise, le rattrape et lui envoie, selon lui, un coup de bâton télescopique pour "le stopper dans sa course".

Quatre jours après le match, une information judiciaire est ouverte contre X pour violences volontaires. Maxime Beux est entendu comme partie civile.

Au moment des faits, le discernement du policier n'était "ni aboli, ni altéré". Sous contrôle judiciaire depuis novembre 2018, l'accusé "exprime de la compassion et de l’empathie pour la victime" et est "affecté par le retentissement de cette affaire", notamment sur ses enfants, rapporte la présidente.

Originaire de Reims, le policier a débuté sa carrière en Seine-Saint-Denis et a intégré la BAC en 2002. Séparé, père de trois enfants, il ne présente "aucun trouble de la personnalité", selon l'enquête de personnalité citée par la présidente.

Le 13 février 2016 au soir, plusieurs supporters bastiais avaient été placés en garde à vue pour outrage et rébellion. Sept d'entre eux ont été condamnés en appel en 2017 à des peines allant jusqu'à 1000 euros d'amende. A la suite de cet événement, des incidents avaient éclaté en Corse entre les forces de l'ordre et les manifestants. Verdict vendredi.