Le jeudi 24 octobre 2024 à 22:55
Un policier de 27 ans a été condamné ce mercredi 23 octobre par le tribunal correctionnel de Reims (Marne) à quatre ans de prison, dont deux ans ferme, pour vol, agression sexuelle, violation de domicile et violences. Les juges ont également prononcé une obligation de soins, l’interdiction d'exercer la profession de policier, l’interdiction de rentrer en contact avec les victimes, l’inscription au fichier des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes (FIJAIS), ainsi qu'une inéligibilité pendant cinq ans. Conformément aux réquisitions de la procureure, l’indemnisation des parties civiles a été ordonnée. Le prévenu, qui comparaissait libre, a été placé sous mandat de dépôt. Dès l’annonce du jugement, son avocat a fait appel.
Les faits reprochés concernent deux incidents survenus à quelques mois d’intervalle. Les premiers remontent au 27 novembre 2023. Ce jour-là, un équipage de police, dont faisait partie le gardien de la paix, est intervenu dans le cadre d’un conflit familial à Reims impliquant un père de famille alcoolisé, armé d’un couteau. La femme de ce dernier, une mère de quatre enfants d’origine kosovare, a accusé le policier de l’avoir isolée dans une chambre, de lui avoir volé 250 euros et de lui avoir demandé de se déshabiller sous prétexte de vérifier d'éventuelles violences conjugales. Elle a déclaré que le fonctionnaire lui avait touché les seins et avait insisté pour qu’elle enlève sa culotte, ce qu’elle a refusé. Trois jours plus tard, elle a déposé plainte. Une enquête de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) a été ouverte à la suite de cette première plainte.
Lors de l’audience, le policier a nié ces accusations. Il a affirmé qu’il s'était rendu dans la cuisine avec la plaignante pour lui expliquer la situation de son mari, alors que sa collègue s’occupait des enfants. Il a également nié avoir demandé à la victime de montrer sa pièce d’identité dans la chambre, précisant que c'était sa collègue qui s'était occupée de cette formalité. Son avocat a ajouté que les faits se seraient déroulés dans un lieu accessible à d'autres témoins : "La porte était ouverte", a-t-il précisé.
Le deuxième fait, survenu le 26 août dernier, concerne une jeune femme d’origine roumaine. Elle a affirmé que le fonctionnaire s'était présenté seul à son domicile, en uniforme, et lui avait demandé, en faisant des gestes, de se déshabiller dans la salle de bains. Il lui aurait également demandé d'allumer la lumière et de fermer la porte avant de lui faire signe de soulever sa jupe. La plaignante a refusé et, en pleurs, a quitté la pièce. Pensant qu’il s’agissait d’un faux policier, elle a déposé plainte le lendemain.
«Des femmes étrangères, précaires et vulnérables»
Le fonctionnaire a reconnu s’être rendu à ce domicile, affirmant qu’il cherchait à obtenir des informations sur un squat et des points de deal potentiels. Il a nié toute agression, expliquant que deux collègues réservistes l’attendaient dans la voiture de service pendant cette intervention.
Lors de l’audience, la substitut du procureur, Mathilde Compagnie, a insisté sur le fait que le policier aurait ciblé "des femmes étrangères, précaires et vulnérables". Le casier judiciaire du fonctionnaire était vierge, mais il traînait déjà des "antécédents administratifs" pour des comportements inappropriés. En 2018, alors qu’il était élève à l’école de police de Reims, il avait été sanctionné pour des propos sexistes envers plusieurs camarades. En 2020, une nouvelle sanction disciplinaire avait été prononcée à la suite d’une procédure de l’IGPN pour "comportement indigne" lorsqu’il était en poste à Soissons. Son avocat, Me Mourad Benkoussa, a dénoncé "des contradictions dans les témoignages".