Le jeudi 10 avril 2025 à 15:07
L’enseignante d’Evaëlle a été relaxée, jeudi 10 avril, par le tribunal correctionnel de Pontoise (Val-d'Oise), où elle était jugée pour harcèlement moral sur trois élèves, dont la jeune fille qui s’est suicidée en juin 2019 à l’âge de 11 ans.
Dans son jugement, le tribunal a estimé qu’"il ne résulte pas de la procédure d’élément permettant d’entrer en voie de condamnation, les faits n’étant pas expressément établis". Les éléments de preuve ont été jugés "discordants, indirects, peu circonstanciés" ou encore "relevant de comportements adaptés et légitimes s’agissant de l’autorité dont doit faire preuve un enseignant en classe".
La présidente du tribunal a précisé que "les événements de juin 2019 sont dramatiques" et qu’il est "légitime que la famille d’Evaëlle recherche les causes de la tragédie", mais elle a rappelé que la date du suicide de la jeune fille avait été exclue de la période de prévention. Elle a également conclu : "Les défaillances du système scolaire et de l’Éducation nationale (...) largement commentés dans le cadre de cette procédure ne relèvent pas de la mission attribuée par la loi au tribunal correctionnel".
Le parquet avait requis dix-huit mois de prison avec sursis
En mars, lors du procès, la procureure avait requis dix-huit mois de prison avec sursis, assortis d’une interdiction définitive d’exercer la profession d’enseignante. Selon le ministère public, l’enseignante, alors âgée de 62 ans, se trouvait dans une position de "toute puissance" et entretenait un "contact assez rude avec les élèves". À propos d’Evaëlle, la procureure avait affirmé qu'"elle la jette en pâture au collectif, la fait pleurer", ajoutant que son "harcèlement est le déclencheur et catalyseur du harcèlement des mineurs".
L’enquête n’a cependant pas permis de "déterminer les éléments précis ayant conduit à son décès", selon la juge d’instruction.
Evaëlle s’était suicidée par pendaison le 21 juin 2019, à son domicile. Élève en classe de 6e au collège Isabelle-Autissier d’Herblay (Val-d'Oise), elle était devenue la cible de moqueries et de violences de la part de plusieurs camarades. Dès son entrée au collège, en septembre 2018, elle avait également été confrontée à des tensions avec sa professeure de français, notamment à propos de la mise en place d’un protocole médical lié à des douleurs dorsales. Ses parents avaient porté plainte contre des élèves et l’avaient changée d’établissement en février 2019.
Les parents «révoltés»
Malgré la relaxe de l’enseignante, les parents d’Evaëlle, représentés par Me Delphine Meillet, ont annoncé leur intention de faire appel. "Révoltés", ils souhaitent une nouvelle audience au civil. "Je suis dans l’incompréhension totale", a réagi en larmes la mère de la jeune fille après le verdict. Le tribunal a jugé qu’il n’y avait "pas d’élément permettant de caractériser l’élément intentionnel de l’infraction", à savoir que l’enseignante aurait "volontairement cherché la dégradation des conditions de vie" d’Evaëlle.
Deux anciens camarades d’Evaëlle, également mis en cause dans cette affaire, doivent être jugés d’ici la fin de l’année devant le tribunal pour enfants.