Le vendredi 2 juin 2023 à 13:47
Le parquet national antiterroriste (PNAT) a requis ce mardi un procès devant le tribunal correctionnel pour un groupe de seize individus, composé de treize hommes et trois femmes, soupçonnés d'avoir planifié entre 2017 et 2018 des attaques violentes à l'encontre de la communauté musulmane en France, comme l'a révélé l'AFP ce vendredi.
Les réquisitions du PNAT recommandent de requalifier ces actes - qui étaient initialement considérés comme des crimes -, en délits, ce qui entraînerait un procès devant le tribunal correctionnel et une peine potentiellement plus clémente. Cette recommandation a été faite malgré la "gravité des projets proposés", comme l'a relevé le ministère public. La décision finale concernant ce dossier incombe à un juge d'instruction antiterroriste.
Le groupe incriminé, nommé "Action des forces opérationnelles" (AFO), est principalement soupçonné d'association de malfaiteurs terroriste. Les seize membres, tous sous contrôle judiciaire, sont suspectés d'avoir, à des degrés divers, cherché des armes, fabriqué des explosifs, effectué des repérages de mosquées en préparation d'attaques, et planifié l'empoisonnement de nourriture halal dans des supermarchés par des femmes du groupe, dissimulées sous des niqabs, en utilisant un composant de la mort-aux-rats.
Parmi les objectifs évoqués, parfois peu définis, figurent "tuer 200 imams radicalisés", le rappeur Médine et le conférencier et prédicateur Tariq Ramadan. Plusieurs des suspects ont un passé militaire ou ont exprimé un intérêt pour l'armée.
Un policier à la retraite comme leader présumé
Les individus mis en cause, âgés de 37 à 74 ans, ont des professions variées, y compris un antiquaire, un diplomate en poste à l'ambassade de France au Salvador, un opérateur de nuit pour les taxis G7, un consultant en ressources humaines ou un restaurateur notamment. Le présumé fondateur et chef d’état-major de l'AFO, Guy S., est un policier retraité de 69 ans. Des perquisitions chez les suspects ont révélé des armes à feu, des milliers de munitions et des composants pour la fabrication d'explosifs de type TATP. Les suspects ont "largement contesté avoir eu personnellement l'intention de mener des actions violentes", selon le PNAT.
Cependant, pour le parquet antiterroriste, ce groupe "structuré, hiérarchisé et clandestin" avait pour objectif de "préparer ses membres à l’affrontement avec une communauté d’origine arabo-musulmane perçue comme une menace pour la culture et l’intégrité de la population française", et de "planifier des attaques de nature terroriste contre des symboles ou des membres de cette communauté", les musulmans étant explicitement désignés comme cibles.