Un homme écope de 30 ans de réclusion pour les viols d'une fillette jusque dans un parloir de prison

L'accusé avait été condamné à 20 ans de réclusion pour des viols sur mineures. Il était jugé cette fois pour des viols répétés sur la fillette de sa compagne.
Un homme écope de 30 ans de réclusion pour les viols d'une fillette jusque dans un parloir de prison
Le palais de Justice de Nice. (Illustration/photo David Franklin/shutterstock)
Par Actu17
Le jeudi 27 janvier 2022 à 15:17 - MAJ jeudi 27 janvier 2022 à 18:49

Un homme de 52 ans, ancien pompier volontaire, a été condamné jeudi à 30 années de réclusion criminelle à Nîmes pour d'innombrables viols commis sur la fille de sa compagne, jusqu'au parloir de la prison où il était détenu. La mère de la fillette a été reconnue coupable de complicité et condamnée à 15 années de réclusion, alors que l'accusation avait requis contre elle une peine de 10 ans.

Dans cette affaire, "la vérité, elle fracasse", avait souligné l'avocat général, Pierre Couttenier, s'adressant directement à la victime, aujourd'hui âgée de 19 ans, en relevant toutes les carences, défaillances, hésitations, qui de l'administration pénitentiaire à la justice et aux services de l'assistance éducative, ont "laissé cette enfant seule face au monde" et à son "prédateur".

Lors de son réquisitoire, au troisième jour de ce procès ouvert mardi, l'avocat général avait longuement battu sa coulpe, "plaidant coupable en tant que défenseur de la société". Alors qu'il avait toujours réfuté, au cours de l'instruction de cette affaire, le terme de "pédophile", le principal accusé a reconnu les faits lors des audiences, finissant par admettre qu'il était effectivement attiré par les enfants. "Je le porte à votre crédit et c'est la seule chose", lui a lancé l'avocat général. Pour le reste, "le nombre hallucinant de crimes que vous avez commis sont le signe d'une personnalité dangereuse", a-t-il ajouté.

En détention depuis 2013 et définitivement condamné à 20 ans de prison en 2015 pour des viols sur d'autres jeunes filles mineures, l'ex-sapeur pompier et ancien boxeur verra cette ancienne peine et celle de 30 ans prononcée jeudi automatiquement confondues. "Ce qui fait que vous ne purgerez pas 20 ans plus 30, mais 30 ans en tout", a souligné le président de la cour d'assises du Gard en annonçant le verdict, rendu après deux heures de délibéré.

"Je ne l'aime pas, c'est pas un mec bien. Mais c'est quelqu'un qui a entamé un chemin. Avant, il n’y arrivait pas. Maintenant, il dit 'c'est moi'", avait plaidé l'avocat de l'accusé, Ludovic Para.

Une mère dans le déni

A l'égard de la compagne de l'ex-pompier, elle aussi sur le banc des accusés, Pierre Couttenier a souligné que c'est elle qui, en 2011, alors que sa fille avait sept ou huit ans, a "ouvert la porte" de sa maison à un homme qu'elle connaissait à peine. C'est elle aussi qui l'a laissé dormir pratiquement immédiatement dans le lit de la petite fille, la conduire à l'école ou partager une chambre d'hôtel, toutes occasions qu'il a saisies pour la violer.

Puis, lorsque l'homme dont elle se disait amoureuse a été incarcéré pour des viols sur mineures, elle n'a pas voulu croire à sa culpabilité. Elle a alors forcé sa fille à l'accompagner 107 fois au parloir de la maison d'arrêt de Nîmes, où il lui imposera des pénétrations digitales jusqu'en janvier 2016. Pour sa défense, elle ne cesse de répéter qu'elle n'avait rien imaginé, rien perçu, rien deviné, malgré les dénonciations de sa fille.

"Par vos agissements, vous avez rendu possibles" ces viols "quasi quotidiens", a dit l'avocat général, reconnaissant toutefois des circonstances atténuantes à cette femme de 51 ans, privée d'affection et d'éducation pendant son enfance, dépressive chronique et souffrant à l'époque d'un cancer. "A-t-elle sciemment participé à ces crimes horribles ? Non, mais elle a vécu dans le déni, elle n'a pas voulu voir", a avancé l'une de ses avocates, Me Wafae Ezzaitab.

Les juges et jurés de la cour d'assises l'ont finalement condamnée à 15 années de réclusion, cinq de plus que ne le réclamait le ministère public. Les deux condamnés ont dix jours pour faire appel.