Issei Sagawa, le «cannibale japonais», est décédé à 73 ans

En 1981, Issei Sagawa, un étudiant japonnais, avait invité une camarade néerlandaise à dîner dans son appartement parisien. Il l'avait tuée, violée, avant de manger certaines parties de son corps durant trois jours.
Issei Sagawa, le «cannibale japonais», est décédé à 73 ans
L'étudiant japonais Issei Sagawa (c), escorté par des policiers en civil après un interrogatoire à la préfecture de police sur le meurtre d'une étudiante néerlandaise, le 17 juin 1981 à Paris. (AFP/Archives)
Par Actu17 avec AFP
Le vendredi 2 décembre 2022 à 12:52

Issei Sagawa, surnommé le "cannibale japonais" pour avoir tué et mangé une étudiante néerlandaise à Paris, est mort plus de 40 ans après des faits qui avaient suscité l'horreur avant de transformer l'assassin en phénomène médiatique dans son pays.

Sagawa est décédé le 24 novembre d'une pneumonie à l'âge de 73 ans, et des funérailles ont déjà eu lieu en présence de ses seuls proches, selon un communiqué transmis par l'éditeur d'une autobiographie de son frère Jun publiée en 2019. Aucune cérémonie publique n'était prévue, ajoute le communiqué.

Issei Sagawa était étudiant à Paris à l'université de la Sorbonne quand, le 11 juin 1981, il avait invité une camarade néerlandaise, Renée Hartevelt, à dîner dans son appartement. Là, il l'avait tuée d'un coup de carabine dans la nuque et violée avant de la dépecer et de manger différentes parties de son corps trois jours durant, tout en prenant de nombreux clichés de son crime macabre. Il avait ensuite tenté de se débarrasser du corps de la jeune femme dans deux valises abandonnées dans le bois de Boulogne, mais avait été retrouvé et interpellé grâce à un appel à témoins lancé par la police.

"Manger cette fille, c'était une expression d'amour. Je voulais sentir en moi l'existence d'une personne que j'aime", avait-il confessé après son arrestation.

Des experts ayant attesté de sa maladie mentale, il avait bénéficié d'un non-lieu et avait été interné en France puis au Japon avant de recouvrer la liberté en août 1985. Son départ de France avait suscité la colère et l'indignation de la famille de sa victime et de nombreuses personnes. La famille avait juré de faire pression sur l'opinion publique japonaise pour que "le meurtrier ne soit jamais remis en liberté".

Devenu plus tard une star des médias, Sagawa recevait de nombreux journalistes dans son appartement de la banlieue de Tokyo. Il intervenait à la télévision japonaise et avait publié plusieurs best-sellers comme "Cannibale" ou "J'aimerais être mangé" et dessiné un manga racontant son crime.

«C'est simplement mon fantasme, je ne peux rien dire de plus précis»

Issei Sagawa avait semblé s'inquiéter que ses écrits soient lus hors du Japon, déclarant à l'AFP au début des années 1990 : "Je n'ai jamais imaginé que la famille (de la victime, NDLR) pourrait lire cela".

Son acte, qui avait choqué l'opinion tout en suscitant une certaine fascination morbide pour son auteur, avait notamment inspiré l'écrivain japonais Juro Kara qui a remporté en 1982 le prestigieux prix littéraire Akutagawa pour son roman "La lettre de Sagawa", consacré au crime.

Le groupe de rock britannique The Stranglers avait aussi fait allusion au crime dans une chanson écrite en français intitulée "La Folie", sortie en 1981. Deux anthropologues avaient réalisé en 2017 un documentaire à son sujet, titré "Caniba", dans lequel Issei Sagawa affirmait n'être pas en mesure d'"expliquer" son acte. "C'est simplement mon fantasme. Je ne peux rien dire de plus précis", déclarait-il dans le film. "Les gens doivent penser que je suis fou."

Il décrivait son "obsession" comme "impossible à contenir", déclarant : "je voulais manger des fesses plus que tout au monde".

«On était dégoûtés, fascinés, on voulait comprendre»

Selon ce documentaire, Sagawa avait identifié sa pulsion cannibale très tôt à l'adolescence, en même temps que son éveil sexuel, et son désir se focalisait sur les actrices blondes du cinéma occidental. La star américaine Grace Kelly avait été sa "première attraction". Les réalisateurs, Véréna Paravel et Lucien Castaing-Taylor, avaient dit avoir été "traversés" par une foule de "sentiments extrêmement conflictuels" au fil des mois passés dans l'intimité d'Issei Sagawa et de son frère Jun, adepte de l'automutilation. "On était dégoûtés, fascinés, on voulait comprendre", précisait Véréna Paravel, ajoutant qu'il s'agissait malgré tout d'un "film sur la fraternité, sur l'amour".