Le député LFI Sébastien Delogu propose d’attribuer la vente du cannabis aux dealers en cas de légalisation

La proposition de Sébastien Delogu, député LFI des Bouches-du-Rhône, de confier la vente de cannabis à d’anciens dealers condamnés en cas de légalisation, a suscité une vive polémique.
Le député LFI Sébastien Delogu propose d’attribuer la vente du cannabis aux dealers en cas de légalisation
Sébastien Delogu à l'Assemblée nationale, le 24 janvier 2023. (Victor Velter / Shutterstock)
Par Actu17
Le samedi 4 janvier 2025 à 20:39

Le député La France insoumise (LFI) Sébastien Delogu a récemment proposé d'intégrer d’anciens dealers condamnés dans un éventuel cadre légal de vente de cannabis. Cette suggestion, exprimée lors de l’émission "Où va le monde ?" sur Twitch, vise à permettre une réinsertion des condamnés tout en encadrant la distribution. Selon lui, cette mesure éviterait que ces individus "ne se tournent vers des drogues plus dures".

"Si on demande la légalisation du cannabis et que l’acheminement du cannabis soit bien géré par l’État français, amène à se poser des questions sur les personnes qui ont été pénalisées auparavant, et qu’on leur donne justement la possibilité de vendre et de régir cela. Ça évite en quelque sorte de les renfermer et de les laisser peut-être aller, de vendre, peut-être, une autre drogue", a expliqué le député LFI de la 7e circonscription des Bouches-du-Rhône.

La proposition a suscité de vives réactions. Sylvain Souvestre, maire Les Républicains (LR) des 11e et 12e arrondissements de Marseille, l’a qualifiée d’"irresponsable", estimant qu’on ne peut valoriser des personnes ayant enfreint la loi. "Quand un élu public sous-entend une telle idée, il devrait réfléchir à la responsabilisation de la parole politique", a-t-il déclaré à BFM Marseille. Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a de son côté dénoncé sur X un "délire pro-drogues", affirmant : "Dans le monde idéal de Monsieur Delogu, le dealer est un fonctionnaire honorable. Dans le mien, il est en prison".

«On n'a qu'à aussi demander aux voleurs de voitures d'ouvrir des garages»

Un représentant des forces de l’ordre a vivement critiqué la proposition de Sébastien Delogu, auprès de nos confrères, en recourant à l'ironie : "On n'a qu'à aussi demander aux voleurs de voitures d'ouvrir des garages ou des concessions. Ou alors on n'a qu'à demander à des cambrioleurs de devenir brocanteurs et de vendre les produits qu'ils ont volés". Selon lui, au lieu de valoriser l'expérience acquise dans des activités illégales, ces trafiquants devraient être orientés vers des secteurs en manque de main-d'œuvre, tels que l'hôtellerie ou la restauration.

Cette idée n’est néanmoins pas nouvelle. Le député LFI de l'Essonne Antoine Léaument a rappelé qu’un rapport parlementaire de 2021, porté par des députés macronistes, évoquait déjà la possibilité de réinsérer les petits trafiquants en valorisant leurs compétences acquises dans l’économie illégale. "Qui proposait, si on légalise le cannabis dans un cadre étatique, faire une amnistie des personnes condamnées, soit pour du petit deal, soit de la consommation, pour leur permettre, ils appelaient ça ‘valoriser les compétences’ acquises lors du trafic illégal", a-t-il déclaré.

Sabrina Agresti-Roubache, conseillère régionale et ancienne secrétaire d’État, a rejeté fermement cette vision : "Je ne peux pas entendre qu’un député dise qu’on va faire des dealers des commerçants de l’État". Des dealers marseillais interrogés par BFM Marseille se sont de leur côté montrés sceptiques : "Quel intérêt pour nous ? On gagne 200 euros par jour, pourquoi donner cet argent à l’État ?".