Policiers du «36» relaxés : leurs avocats s'indignent de la contestation de militantes féministes

Une centaine de militantes féministes pointent du doigt, dans une tribune, le verdict de la cour d'assises du Val-de-Marne qui a vu la relaxe en appel de deux policiers qui étaient accusés d'avoir violé une touriste canadienne.
Policiers du «36» relaxés : leurs avocats s'indignent de la contestation de militantes féministes
Croquis d'audience réalisé le 14 janvier 2019, montrant Antoine Quirin (G) et Nicolas Redouane lors de leur premier procès devant la Cour d'Assises à Paris. (AFP/Archives)
Par Actu17 avec AFP
Le jeudi 28 avril 2022 à 20:11

Depuis l'acquittement vendredi des deux policiers dans l'affaire dite du "36 quai des Orfèvres", une centaine de militantes féministes ont signé une tribune intitulée "France, terre d'impunité du viol ?", que les avocats des innocentés dénoncent comme une "négation de démocratie", selon un communiqué envoyé jeudi à l'AFP.

Le verdict a été "rendu au nom du Peuple Français" et "s'impose à tous", ont rappelé les quatre avocats des policiers, Anne-Laure Compoint, Pauline Baudu-Armand, Thierry Herzog et Pascal-Pierre Garbarini. La "lettre ouverte" publiée mardi par Le Parisien, notamment signée par la journaliste Alice Coffin, l'autrice de BD Pénélope Bagieu, l'avocate Caroline Mecary, la députée LFI Clémentine Autain et de nombreux collectifs féministes, estime que le procès a été "celui de la victime", Emily Spanton, et qu'elle n'a pas "été protégée". "Quand on obtient un procès (pour viol, ndlr), on finit par être la "menteuse", la "nymphomane", la coupable", affirme le texte.

Les deux policiers innocentés, Nicolas Redouane et Antoine Quirin, avaient d'abord bénéficié d'un non-lieu avant d'être renvoyés devant les assises de Paris et condamnés à sept ans de prison en 2019. Ayant fait appel, ils ont été rejugés en 2022 et acquittés par la cour d'assises du Val-de-Marne. La cour a motivé sa décision en appel par les "nombreuses incertitudes, imprécisions" voire "plusieurs mensonges" de la touriste canadienne, qui accusait les deux policiers de l'avoir violée au sein de l'ancien siège de la PJ à Paris, en avril 2014. "Nous relevons qu’aucune des signataires" de la tribune "n'a eu connaissance du dossier et n’a pas davantage assisté aux débats (...) ce qui interroge sur le bien-fondé de cette polémique", s’agacent les conseils des deux policiers.

Pourvoi en cassation

Sollicité par l'AFP, le parquet général de la Cour de cassation a indiqué que des demandes de pourvoi dans l'intérêt de la loi contre l’arrêt d’acquittement avaient été déposées et qu'elles étaient "actuellement en cours d’examen". Ce recours consiste à apprécier l'existence d'un éventuel problème de légalité, soit de la procédure pendant le procès soit de la motivation du verdict, mais n'est pas de nature à annuler la décision de l'acquittement.

Mardi, Sophie Obadia, une des avocates de la plaignante, avait déclaré à l'AFP avoir formulé un tel recours afin que soit notamment étudiée la question de la "vulnérabilité toxicologique", la plaignante étant fortement alcoolisée au moment des faits. En réaction, les avocats des policiers disent ne pouvoir "tolérer que cette affaire, du fait de sa médiatisation, soit instrumentalisée, balayant ainsi l'innocence désormais établie et reconnue" de leurs clients.