Le jeudi 25 mai 2023 à 09:54
Une étude récente révèle que près d'un tiers des mineurs français (30 %) consulte chaque mois au moins un site pornographique, une tendance en hausse depuis plusieurs années, largement due à l'utilisation croissante des smartphones. Ces 2,3 millions de mineurs passent en moyenne plus de 50 minutes chaque mois devant des contenus à caractère pornographique, un chiffre à peine inférieur à celui des adultes (37 %), selon l'étude révélée ce jeudi, réalisée en 2022 par Médiamétrie à la demande de l'Arcom (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique) auprès de 25 000 panélistes.
Il est particulièrement inquiétant de constater qu'un grand nombre de ces mineurs sont très jeunes. "On a 51 % des garçons de 12-13 ans qui regardent des sites pornographiques chaque mois, et quand même 21 % des garçons de 10-11 ans", alerte Laurence Pécaut-Rivolier, présidente du groupe de travail de l'Arcom sur la protection des publics, interrogé par l'AFP. Chez les filles, la fréquentation des sites pornographiques est moins importante, non représentative jusqu'à 11 ans, mais tout de même 31 % à 12-13 ans.
Il est à noter que le nombre de mineurs qui consultent ces sites a augmenté de 600 000 depuis l'automne 2017, lorsqu'un système de mesure sur trois écrans (ordinateur, smartphone, tablette numérique) a commencé à être utilisé. L'étude indique que les trois quarts des moins de 18 ans utilisent exclusivement leur téléphone pour ces consultations, contre 55 % des majeurs.
Pour l'Arcom, chargée par la loi de protéger les mineurs face à ces images, "on est vraiment sur une consultation de masse des sites pornographiques par les mineurs, (...) qui se fait essentiellement sur les smartphones, c'est-à-dire hors du regard parental".
Pornhub, la plateforme la plus consultée
L'étude a également mis en évidence que la plateforme gratuite Pornhub est la plus consultée par les mineurs, avec 18 % d'entre eux l'ayant visitée. Elle est également l'un des sites où le pourcentage de mineurs dans le public est le plus élevé, à 17 %, contre une moyenne de 12 % pour les autres sites du genre.
Face à ces constatations alarmantes, l'Arcom a pris des mesures juridiques. Sur le fondement de la loi sur les violences conjugales de juillet 2020, l'Arcom a mis en demeure 15 sites pour qu'ils instaurent un véritable contrôle d'âge de leurs visiteurs et a saisi la justice pour demander le blocage de sept d'entre eux, dont Pornhub. Une décision du tribunal judiciaire de Paris est attendue le 7 juillet.