Le vendredi 21 avril 2023 à 11:15
La Cour des comptes a révélé dans un rapport du 13 avril dernier, que le nombre de départs au sein de la police et de la gendarmerie a atteint des niveaux record en 2021 et 2022, rapporte Le Monde. Ce phénomène s'est installé "depuis la fin de la crise sanitaire" et s'explique en partie par "la concurrence avec les polices municipales, qui attirent de plus en plus de policiers et gendarmes" en raison de meilleures conditions de travail et de rémunération.
Les départs ont également été influencés par une hausse des démissions des élèves en cours de formation et une augmentation de 50% des détachements dans d'autres administrations pour la police. En 2022, malgré 874 recrutements dans les services administratifs et scientifiques, le nombre de policiers actifs a baissé de 117 ETP (équivalent temps plein), alors que l’Élysée et la Place Beauvau souhaitent doubler les effectifs affectés à la voie publique.
Les efforts pour augmenter les recrutements de 25% pour la police et de 29% pour la gendarmerie en 2022 ont eu plusieurs conséquences en cascade. D'abord, le "coût du sac à dos" a augmenté (les dépenses en équipement des nouvelles recrues, ndlr), s'élevant à 4144 euros pour la police et 2328 euros pour la gendarmerie. De plus, la capacité d'accueil des écoles de formation est sous pression, avec 8500 recrutements prévus d'ici 2027. La Cour des comptes souligne que ces objectifs "apparaissent peu réalistes au regard de l'état de quasi-saturation de l'appareil de formation".
Le taux d’admission a bondi de 16%
Pour répondre à l'engagement politique d'un "recrutement massif de policiers et de gendarmes", les pouvoirs publics ont dû "dégrader la qualité des recrutements". Le taux d'admission au concours de gardien de la paix est passé de 2% en 2014 à 18% en 2020, et atteint 20% chez les sous-officiers de gendarmerie.
La Cour des comptes note également que les mesures financières mises en place depuis 2016 ont mobilisé plus de 730 millions d'euros, et 1,5 milliard d'euros supplémentaires sont prévus de 2023 à 2027. Cependant, plutôt que de privilégier ces dépenses, la Cour recommande au ministère de l'intérieur de promouvoir une "politique globale différente (…), insistant notamment sur l'amélioration des conditions de travail des personnels et sur la gestion dynamique des ressources humaines".