Le lundi 1 juin 2020 à 22:08 - MAJ mardi 2 juin 2020 à 01:50
INFO ACTU17. La vidéo devait finir sur les réseaux sociaux et faire le buzz. Les policiers de la Brigade anticriminalité (BAC) ont eu leur attention attirée par un groupe d'individus au 104 rue Saint-Charles à Paris (XVe) ce dimanche après-midi. Parmi ces personnes, les fonctionnaires ont aperçu trois policiers avec de véritables tenues d'uniforme, débraillées, et une attitude suspecte. Ils ont décidé de s'approcher du groupe et ont rapidement compris qu'ils avaient affaire à de faux policiers.
L'ensemble des individus ont fait l'objet d'un contrôle. Après quelques échanges, les policiers de la BAC ont découvert qu'il s'agissait en fait d'un tournage sauvage, réalisé sans aucune autorisation, avec des policiers, des figurants et un homme se présentant comme le réalisateur.
Les trois faux policiers ont été interpellés pour l'usage d'une fausse qualité. Le réalisateur ainsi que le caméraman ont quant à eux été conduits au commissariat pour une audition libre, dans le cadre d'une enquête préliminaire selon une source policière.
Un homme noir interpellé à la place du voleur
Ces derniers qui sont âgés de 19 à 26 ans, auraient expliqué lors de leurs auditions que le scénario de ce tournage consistait à mettre directement en cause la police. Filmés à leur arrivée devant une supérette G20, les trois policiers qui intervenaient pour un vol dans le magasin devaient laisser partir le voleur de type européen, sans y prêter attention, puis interpeller un homme d’origine africaine qui sortait au même moment.
Ils avaient l'intention, par cet intermédiaire, de dénoncer le racisme dans la police nationale, alors que le sujet est à la Une de tous les médias américains depuis une semaine, suite à la mort de Georges Floyd, un Afro-Américain de 46 ans, après son arrestation à Minneapolis.
En outre, les enquêteurs ont découvert des affaires qui appartiennent à un policier affecté à Paris, qui est actuellement en disponibilité, dans les tenues d'uniforme des trois faux policiers.
Ces derniers ont été remis en liberté ce lundi. Le réalisateur, qui possède un compte sur le réseau social Instagram, suivi par près de 80 000 personnes, montre brièvement des images du contrôle de police et des trois faux policiers qui sortent du commissariat, à l'issue de leur garde à vue.
"Certaines personnes mal intentionnées essaient d’utiliser ce drame afin de jeter le discrédit sur la police"
Du côté des policiers, ce tournage et cette vidéo qui devaient montrer une fausse interpellation raciste, agacent. "Les récents événements survenus aux États-Unis sont dramatiques mais ne correspondent en aucun cas à la situation en France", réagit Loïc Walder, délégué du syndicat UNSA Police en charge du 3ème district.
"Certaines personnes mal intentionnées essaient d’utiliser ce drame afin de jeter le discrédit sur la police nationale française. Il est vraiment nécessaire de redoubler de vigilance quant au contenu que nous pouvons visionner en ligne", prévient le syndicaliste.
"La police nationale exerce son métier avec professionnalisme, sérieux et discernement. Les rares abus sont systématiquement sanctionnés", rappelle-t-il.