Coronavirus : «Quand j'ai quitté le ministère, je pleurais parce que je savais que la vague du tsunami était devant nous» dit Agnès Buzyn

L'ancienne ministre de la Santé Agnès Buzyn estime que les élections municipales n'auraient pas dû avoir lieu et que le coronavirus va faire "des milliers de morts".
Coronavirus : «Quand j'ai quitté le ministère, je pleurais parce que je savais que la vague du tsunami était devant nous» dit Agnès Buzyn
Agnès Buzyn le 13 février 2020. (Alexandros Michailidis/shutterstock)
Par Actu17
Le mardi 17 mars 2020 à 17:55 - MAJ mardi 17 mars 2020 à 18:06

La candidate LREM à la mairie de Paris et ex-ministre de la Santé Agnès Buzyn s'est confiée au journalLe Monde et a fait part de son inquiétude quant à l’épidémie de Covid-19 qui frappe actuellement la France.

"Quand j'ai quitté le ministère, je pleurais parce que je savais que la vague du tsunami était devant nous. Je suis partie en sachant que les élections n'auraient pas lieu", explique-t-elle, reconnaissant que ses larmes lors de sa passation de pouvoir étaient aussi liées au choix qui s'imposait à elle : quitter le gouvernement ou renoncer à ses ambitions politiques à Paris.

"Je pense que j'ai vu la première ce qui se passait en Chine"

Agnès Buzyn a quitté son poste le 17 février dernier pour se consacrer à la campagne des élections municipales à Paris, suite à l'affaire Benjamin Griveaux qui s'est finalement retiré. A ce moment là, seule la province chinoise de Hubei, épicentre de l'épidémie, est confinée. 12 cas avaient été déjà recensés en France et un patient chinois âgé de 80 ans était décédé 72 heures plus tôt.

"Je pense que j'ai vu la première ce qui se passait en Chine : le 20 décembre, un blog anglophone détaillait des pneumopathies étranges. J'ai alerté le directeur général de la santé. Le 11 janvier, j'ai envoyé un message au président sur la situation. Le 30 janvier, j'ai averti Édouard Philippe que les élections ne pourraient sans doute pas se tenir. Je rongeais mon frein.", confié Agnès Buzyn au quotidien.

"On aurait dû tout arrêter c'était une mascarade" dit-elle au sujet des élections municipales

Le choix de la médecin, spécialiste des maladies du sang, s'est finalement porté sur la mairie de Paris. "Ni Emmanuel Macron ni Édouard Philippe ne m’ont mis la pression. Mais je recevais des milliers de textos me disant : “Il n’y a que toi…” Je me suis dit que je n’allais pas laisser La République en marche dans la difficulté… Paris est un beau mandat. J’ai appelé moi-même le président pour lui dire que j’y allais", affirme-t-elle.

L'ancienne ministre raconte que durant la campagne, elle pensait toujours au Covid-19 : "Depuis le début je ne pensais qu'à une seule chose : au coronavirus. On aurait dû tout arrêter (la campagne des élections municipales, ndlr), c'était une mascarade. La dernière semaine a été un cauchemar. J'avais peur à chaque meeting".

"L’hôpital va avoir besoin de moi. Il va y avoir des milliers de morts."

Le 24 janvier, Agnès Buzyn s'était pourtant montrée rassurante vis à vis du coronavirus déclarant que "le risque de propagation du coronavirus dans la population [en France] est très faible". Une phrase très reprise sur les réseaux sociaux ces derniers jours. "Bien sûr, je n’aurais pas dû prononcer ces mots. Mais avant de partir du ministère, j’avais tout préparé, malgré une inertie…", se justifie-t-elle au Monde.

Agnès Buzyn est arrivée troisième ce dimanche lors du premier tour à Paris, après la maire sortante Anne Hidalgo et la candidate LR Rachida Dati. "Je dis toujours : “Ministre un jour, médecin toujours”. L’hôpital va avoir besoin de moi. Il va y avoir des milliers de morts."

Rétropédalage ?

Depuis la diffusion de cet article ce mardi matin, l'ancienne ministre a réagi par un communiqué. "Agnès Buzyn regrette la tonalité de cet article et l’utilisation qui en est fait en cette actualité où tout le pays doit être tourné vers la gestion de crise. Elle considère que le gouvernement a été pleinement à la hauteur des défis pour affronter ce virus".