Des syndicats de police en colère appellent à ne plus faire de contrôle d'identité suite à l'interview d'Emmanuel Macron

Les propos du président de la République Emmanuel Macron ce vendredi après-midi lors de son interview au média Brut ont fait bondir les syndicats de police, qui appellent les policiers à ne plus procéder à des contrôles d'identité.
Des syndicats de police en colère appellent à ne plus faire de contrôle d'identité suite à l'interview d'Emmanuel Macron
Illustration. (IP3 Press/Maxppp)
Par Actu17
Le samedi 5 décembre 2020 à 11:48

Des annonces qui ne passent pas. Interviewé en direct ce vendredi après-midi par trois journalistes de Brut, Emmanuel Macron a annoncé l'ouverture d'une nouvelle plateforme pour signaler les discriminations, qui sera gérée par l’État, le Défenseur des Droits ou les associations comme la Licra. « On pourra signaler, écouter et avoir un suivi si on veut porter plainte », a détaillé le chef de l'État.

En préambule, le président de la République a expliqué qu’un individu de couleur était « beaucoup plus contrôlé et identifié comme étant un facteur de risque ».

Les syndicats Alliance Police Nationale et Unité SGP Police FO ont réagi dans la soirée en diffusant des tracts appelant les policiers à ne plus faire de contrôle d'identité. "La défiance de l’état vis-à-vis des policiers. Non, la Police nationale n’est pas raciste et elle ne choisit pas sa délinquance", souligne Alliance. L'organisation évoque "une plateforme qui existe déjà, des allusions douteuses [du président de la République] sur les actions policières". "La présomption de culpabilité de racisme ou de contrôle au faciès n'aura pas lieu", ajoute le syndicat.

"Les flics en ont assez d'être stigmatisés !"

"Contrôle au faciès, maintenant ça suffit", lance de son côté l'Unité SGP Police FO. "Les policiers ne sont pas votre variable d'ajustement", prévient le syndicat qui écrit : "reçus à l'Élysée le 15 octobre, lâchés le 4 décembre". "Il semble beaucoup plus simple d'accuser les policiers que de reprocher aux politiques des 50 dernières années d'avoir cloîtré des populations dans les banlieues, loin, très loin, pour ne pas les voir et ce, sans mixité", dénonce l'organisation, qui appelle aussi à ne plus interpeller.

"Les flics en ont assez d'être stigmatisés !", affirme de son côté le syndicat UNSA Police. "Le président de la République a annoncé la création d'une plateforme de signalement contre les discriminations, pour la police cela existe déjà !", ajoute-t-il.

"C'est inacceptable d'avoir entendu ça", a réagi Denis Jacob, secrétaire général du syndicat Alternative Police, au micro de BFMTV. "On ne peut pas laisser croire, quand on est chef de l’État, qu'il y aurait quelque chose d'institutionnalisé autour d'un contrôle ciblé des personnes", a-t-il expliqué. "Le président veut que nous cessions les contrôles d'identité parce que Gare du Nord, Barbès ou la Goutte d'or à Paris, il y a de fortes probabilités que les contrôles soient plus sur des personnes de couleur que sur des personnes blanches".

4792 signalements en tout genre ont été effectués sur la plateforme IGPN en ligne durant l'année 2019, selon les chiffres officiels.