Le vendredi 10 juillet 2020 à 20:46
Mis en examen le 22 décembre 2017, deux ex-agents secrets français viennent d'être condamnés pour « crime et délits de trahison ». Leur procès qui s'est déroulé à huis clos toute la semaine, a connu son épilogue ce vendredi. La cour d’assises spéciale de Paris a condamné respectivement Pierre-Marie H., 69 ans, et Henri M., 73 ans, à douze et huit ans de prison, relate Le Monde.
Le parquet général avait requis la peine maximale de quinze ans de prison à l'encontre du sexagénaire, et dix ans contre le septuagénaire. Tous deux étaient soupçonnés d'avoir trahi leur pays au profit de la Chine.
Une troisième personne était poursuivie dans ce dossier hors normes, pour « recel de bien provenant d’intelligence avec une puissance étrangère de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation ». Il s'agit de Laurence H., l’épouse de Pierre-Marie H., qui a été condamnée à quatre ans de prison dont deux avec sursis pour « recel des crimes et délits de trahison ».
Les trois accusés ont, en outre, été condamnés à une privation de droits civiques pendant une durée de dix ans.
Une faille au sein des services secrets français
Les deux anciens agents de la DGSE avaient été mis en examen et placés en détention provisoire alors qu'ils étaient déjà à la retraite. En 1997, Henri M. avait été nommé représentant officiel de la DGSE à Pékin (Chine). Mais le Service l'avait rappelé en France dès le début de l'année suivante, alors qu'une liaison avec l’interprète chinoise de l’ambassadeur avait été détectée.
En 2003, après avoir pris sa retraite, Henri M. était retourné en Chine où il avait épousé l’ex-interprète. Le couple s'était alors installé sur l’île de Hainan, dans le sud de la Chine.
De son côté, Pierre-Marie H. avait fait l'objet d'une interpellation à l’aéroport de Zurich (Suisse) alors qu'il transportait de l'argent liquide, après avoir rencontré un contact chinois sur une île de l’océan Indien. Lui n'avait jamais exercé à l'étranger. Il œuvrait au contre-espionnage, mais avait aussi exercé à la surveillance des organisations de masse, dont les syndicats.
D'après un fin connaisseur de ce dossier qui s'est confié au journal Le Monde, Henri M. n’aurait pas fait l'objet de surveillances durant des années après son départ à la retraite, en raison d'une faille à la DGSE.
Peu d'affaires de ce type ont été jugées aux assises. En octobre 1997, un ancien ingénieur au Commissariat à l’énergie atomique français avait écopé de 9 ans d’emprisonnement pour trahison au profit l’ex-KGB soviétique. Il était poursuivi pour la vente de documents secrets en 1989 et 1990.